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Paroles Plurielles
1 juin 2007

Monsieur le curé (Val)

Le samedi, c’est plus tranquille, il y a moins de monde au presbytère. C’est pour cela que Papa préfère y aller ce jour la. Le dimanche les fidèles se pressent à confesse, et leurs regards de pitié commençaient à beaucoup le gêner.

Monsieur le curé avait dit un jour à papa qu’il ne pourrait plus nous nourrir gratuitement. Maman disait que papa avait encore du faire quelque chose de mal pour que Monsieur le curé nous coupe les vivres comme ça. Heureusement, il est gentil, Monsieur le curé. Il avait réfléchi et avait trouvé un arrangement. Papa doit maintenant y aller une fois par semaine, donner un coup de main pour nettoyer l’église et le jardin. En échange, il ramène à manger, et parfois un sac de vêtements pour nous que d’autres mamans lui ont donné. Comme dit Maman, heureusement qu’on l’a, Monsieur le Curé, sinon qu’est ce qu’on deviendrait ?

Par contre, Monsieur le Curé ne donne plus d’argent à Papa. Il n’est pas radin, mais quand il le payait, Papa dépensait la moitié de sa journée sur le chemin du retour dans les cafés.    Maintenant que Maman lui a raconté, il préfère le payer en nature. Quand on a besoin d’argent, Monsieur le curé se déplace pour le donner à Maman. Maman ne va jamais au presbytère. Ca lui fait honte, comme elle dit, de quémander.

Moi, même si je suis un peu gêné, j’aime quand même bien quand Papa passe la journée à travailler chez Monsieur le curé. Quand il rentre, il n’est pas éméché. Ce soir, Papa est déjà rentré. Il fait beau, Monsieur de curé l’a renvoyé pour qu’il puisse un peu en profiter. Maman est heureuse, je le vois, c’est sûrement parce que papa n’a pas picolé. Elle sourit un peu, pour une fois. Elle ne fait pas de reproches à Papa. Tant mieux car les gens au camping commençaient à gueuler. Elle faisait bien trop de bruit, Maman, quand elle hurlait que si on en était la, c’était de la faute à Papa et à ses excès.

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Commentaires
F
Il y a une justesse dans le ton enfantin mais profond, le découpé court, efficace mais finalement incisif des phrases. La misère percole, à doses homéopatiques, mais elle est là, bien présente entrelardée de petites joies et de petits bonheurs! Comme toujours, un vrai plaisir de lire ce que tu nous partages. Merci!
P
Cet enfant qui témoigne a une vision très sûre des choses. On ne connaît pas son âge, mais on devine qu'il a mûri plus vite qu'il n'aurait dû.<br /> <br /> J'espère qu'il joue quand même un peu, quand son papa est sobre et que sa maman sourit.<br /> <br /> Perroquet violet sur la pointe de mon pied.
M
comme c'est juste, le portrait de ces enfants qui aspirent au calme chez eux, à la bonne entente de leurs parents ! texte émouvant.
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