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Paroles Plurielles
9 septembre 2007

L'enfer, c'était avant (Cassymary)

L'horloge indique vingt deux heures trente, mais elle est en avance.

Elle arrive seule,  vêtue d'une robe noire, les cheveux tirés en arrière. Elle s'est arrêtée quelques secondes sur les marches.

Elle lève les yeux vers le ciel, se protégeant du soleil du revers de la main. L'extrême pâleur de son visage contraste avec la peau bronzée de ses bras nus.

Sur la façade de la cathédrale, 2 vitraux, ronds et immenses comme deux yeux globuleux qui la scrutent, reflètent la lumière, pour sans doute, à l'intérieur, jouer avec les couleurs et réchauffer les dalles glaciales du sol de l'allée centrale.

Elle ne croit pas en Dieu. D'ailleurs elle ne croit en rien aime t-elle à claironner.

Mais elle aime entrer dans une église, s'asseoir à l'abri des regards, et contempler l'immensité des lieux.

Elle aime être envahie par ce silence rempli de l'odeur de l'encens.

Elle aime la froideur des murs, la chaleur qui se dégage des tableaux accrochés aux parois.

Elle pénètre dans l’édifice encore vide et s’assoie au hasard.

C’est un retour aux sources qu’elle effectue à l’instant même. Cette église, elle l’a connaît bien.

Et les souvenirs affluent : les cours de catéchisme que tout enfant « bien éduquée » se devait de suivre. Les coups de pieds aux fesses d’un curé excédé par des enfants chahuteurs. Les baptêmes et les communions qui ont égrenées son enfance. Et puis l’enterrement de sa mère, et son cœur meurtri à jamais.

C’est son dernier rendez-vous dans cette église souvenir.

Dans quelques minutes, une page sera tournée à jamais.

L'horloge indique toujours 22h 30. Le temps s'est suspendu depuis que les aiguilles, usées d'avoir trop tourné, on cesser de bouger.

Dans moins d'une heure, ils seront tous là, la famille, les amis, le village entier peut être.

Ils se lèveront lorsque le cercueil, porté par 4 grands gaillards, traversera l'allée centrale.

Dans 45 minutes exactement, son père reposera là, devant l'autel.

Sur le 1er banc de droite, où se serrera la famille, il y aura une place vide.

Elle n’a personne à pleurer. Ses larmes à elles ont séché depuis longtemps déjà.

Tout à l'heure, lorsque sonnera le glas, elle roulera sur une petite route de campagne.

Qu’il repose en enfer, elle va vivre libre.

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Commentaires
C
"Lacher la plûme"! Décidément pati, tu saisis beaucoup trop de choses ;o)
P
quand je pense que tu n'osais pas te lancer à écrire ici... tsss... les paticipants de PP auraient raté quelque chose, avoue :))<br /> <br /> j'aimebien quand tu lâches ta plume, quand on devine les peines derrière les mots.<br /> <br /> c'est très bien écrit, cassyjolie. continue.
V
Ce texte est trés touchant.<br /> Je l'aime beaucoup.<br /> Il me rappelle... des tonnes de choses.<br /> Il est si vrai, si réaliste.<br /> L'Homme est ainsi fait.<br /> J'adore ce texte! Vraiment!
C
Oui vraiment, comme le dit Ilescook, texte 'coup de poing', bravo !
C
Mercimercimerci pour vos coms encourageants :o)
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