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Paroles Plurielles
18 septembre 2007

Une enquête de l'inspecteur Gordon (Gino G)

—L'horloge indique vingt deux heures trente, mais elle est en avance. Quand
l'avez-vous remise à l'heure la dernière fois, Monsieur Poireau?
—Jeudi dernier, lorsque je l'ai remontée.
—Vous voulez dire que cette horloge comtoise était au premier étage jeudi
dernier au moment du crime ?
—C'est une horloge un peu turbulente. Non seulement elle avance, mais elle
descend quand on a le dos tourné. Je la remonte une fois par semaine. Mais je me
fais aider.
—Par qui ?
—Par le jardinier. C'est un costaud.
—Regardez votre montre, Poireau. Que lisez-vous ?
—Vingt heures trente.
—Et combien indique l'horloge ?
—Vingt deux heures trente sept. Elle avance !
—Exact. Si vous aviez été à la place du meurtrier se retrouvant nez à nez avec
une horloge comtoise qui avance vers vous dans l'escalier, qu'auriez vous fait ?
—Je serais remonté.
—Exactement. C'est donc à l'étage que tout s'est passé. Montons.
—Vous ne voulez pas m'aider à remonter l'horloge ?
—Plus tard. Appelez le jardinier.
—Je ne le trouve pas. C'est étrange.
—Quand a-t-il disparu ?
—Juste après qu'on a découvert le corps de Madame dans le jardin, pauvre Madame,
avec une fourche bêche enfoncée dans son petit corps frêle. C'est atroce.
—Relevez-vous, Poireau. Montons à l'étage. Où donne cette porte.
—Dans la toilette.
—Et celle-ci ?
—Dans la toilette.
—Vous avez deux toilettes ?
—Une pour les ladies et une pour les gents.
—Ah oui, c'est marqué en tout petit. (Il réfléchit longuement). Je sais qui est
l'assassin
—Déjà ?
—Je vais vous expliquer ce qui s'est passé. L'assassin a attendu dans la
toilette d'à côté que sa future victime ait fini. Quand elle est sortie,
lui-même est sorti de sa cachette et l'a étranglée. Son forfait accompli, il a
fait passer le corps de la comtesse par l'entrebâillement de l'œil-de-bœuf pour
le laisser tomber dans le jardin.
—C'est le jardinier !
—Laissez moi donc finir, Poireau. Puis il a jeté une fourche bêche par le même
œil-de-bœuf pour accuser le jardinier. Le hasard a voulu qu'elle se plante dans
le corps de la comtesse. Or il est physiquement impossible de tuer quelqu'un en
lui enfonçant une fourche bêche dans le corps. Les bouts sont trop arrondis.
—Mais alors, qui est l'assassin ?
—C'est vous Poireau. Vous le savez très bien.
—Mais c'est impossible, au moment du meurtre, j'étais chez le notaire, pour la
succession.
—Ah bon ? L'horloge avancerait de plusieurs jours alors ? Alors veuillez
accepter mes excuses. On va reprendre l'enquête depuis le début.
—Vous prendrez bien un doigt de Porto ?
—Avec plaisir. Vous n'êtes pas rancunier.
—Non, mais j'ai un petit service à vous demander.
—Je suis votre obligé.
—Vous pouvez m'aider à remonter l'horloge ?

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Commentaires
L
J'adore ce texte, Inspecteur Gordon! Au pays des mots, on ne meurt jamais!
G
Merci pour vos commentaires confondants. Je suis confus et je fonds. <br /> <br /> Sur Devos, j'assume avec plaisir et humilité feinte la comparaison. Devos (Raymond pas Emmanuelle, mais Emmanuelle j'aime aussi quand même) est une superbe exemple de ce que la collusion des mots peut apporter de confusion dans l'esprit et réciproquement d'ailleurs comme disait Pierre Dac, autre illuminé langagier.<br /> <br /> Sur le non-sense, j'assume aussi. Grâce à l'humour anglais (ah Monty Python...)<br /> <br /> Merci donc, et pour paraphraser AlainX, vos commentaires m'ont remonté la pendule. Vite Coumarine, une nouvelle consigne ;o))
C
super!!!!<br /> il faut le faire!<br /> Ce n'est pas facile d'écrire décalé et de s'enfoncer dans l'absurde!!!
A
Ah ! Génial !!<br /> Un petit bijou !!<br /> <br /> Ca ma "remonté" le moral !
I
Enquête fort plaisante !<br /> Très drôle, décalée !<br /> J'adore.
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