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Paroles Plurielles
19 septembre 2007

L’heure n’est pas venue (Cassandrali)

L’horloge indique vingt-deux heures trente, mais elle est en avance.

Je le sais, cela fait trois ans que je la regarde tous les soirs. Trois ans que je le constate. Trois ans que je désespère que ces quelques minutes d’avance sur le temps, ne me permettent de changer le cours de ma vie, le jour où le destin décidera de la remettre à l’heure. Cette vie devenue insipide, affligeante au fil du temps… Insupportable.

Tel un chat qui joue avec sa proie, la torture avant de la dévorer, je subis les affres de cette existence qui s’acharne sur moi. Les doutes, les craintes, les angoisses tourbillonnent, raisonnent dans ma tête. Je n’en puis plus. J’ai besoin de trouver le repos de l’âme… De cesser de penser.

Assis sur le bord de la balustrade, les yeux humidifiés par mes larmes, je suis prêt à rejoindre ce vide qui m’attire, faire le grand saut. Ce saut libérateur, rédempteur…

Mon regard croise les deux lucarnes côte à côte du bâtiment d’en face. Une étrange sensation m’envahit, celle d’être observé… Surveillé par ces lucarnes plantées là comme des yeux sur un visage. Deux grands yeux étonnés de me voir si proche d’eux, si prêt à renoncer… Trop lâche.

Le déplacement des nuages dans le ciel de la nuit obscure, laisse transpercer la lumière de la lune qui se reflète sur la lucarne entrouverte. Elle semble me faire des clins d’œil. J’ai l’impression qu’elle cherche à attirer mon attention, à me délivrer un message :

Non, ne saute pas ! Reste avec nous.

Je ne suis plus seul, cette présence inconnue me dérange, me déconcentre. Delirium tremens… Tous ces verres ingurgités pour avoir du courage… Le courage d’en terminer une bonne fois pour toutes. Maintenant j’hésite…

J’observe à nouveau les lucarnes que la lune éclaire entièrement. Je distingue un reflet, une ombre, des cheveux longs & clairs, un enfant jouant avec un petit miroir. Il ouvre la fenêtre, me dévisage, puis m’offre le plus beau des sourires qui soit avant de disparaître en me faisant un signe d’au revoir. Son innocence apaise ma détresse…

L’espace d’un instant l’espoir revient.

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Commentaires
P
Et justement, le balancement entre le "jy vais ou j'y vais pas" est vraiment bien rendu. Et heureusement, il y a la fin...
C
quand le desepoir est si profond, il suffit d'un rien pour que tout bascule, vers le vide ou parfois vers la Vie
J
Tout n'est pas perdu... j'aime le message de fin. Il y a toujours un peu d'espoir...
C
Très joli texte cassandrali :o)
C
ouf...je dois dire que j'ai respiré en lisant la fin...<br /> Le sourire d'en enfant peut suffire à nous rattacher à la vie..
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