Appellation incontrôlée (Largo)
Je lui ai dit de se taire. De ne même pas regarder ces fières fioles floues jouer les trois grâces à contre-jour. Ces vagues vidanges incolores ne m'inspirent absolument pas. Je parie que si je les ouvre, elles refoulent du goulot les relents fétides de l'haleine d'une bouche d'égout. Même avec leurs grands airs, je les vois juste bonnes à contenir de la droguerie.
Rassures-toi. Moi, je n'ai d'yeux que pour toi, ma belle gironde millésimée.
Oui, toi, tu as pris de la bouteille.
Bordeaux ! Quelle promesse ! Déjà rien que le peps quand, gourmand, je t'échancre le décolleté d'étain rubicond et t'enlève délicatement le bouchon.
Tu t'épanouis dans le verre, offerte à la dégustation. Ta somptueuse robe soyeuse et ambrée laisse, par transparence, entrevoir ta félinité.
Ton élégance racée dans les tourbillons dévoile coquinement de longues jambes au galbe émouvant.
Ton petit nez mutin fait palpiter les joues des narines les plus subtiles, les plus sélectives aguichées par des effluves provocateurs.
Ton premier contact frétillant sur les lèvres, aiguillonne l'envie de prolonger la découverte. Ta caresse au palais provoque la chair de poule et exacerbe l'éveil de tous les sens. Ton camaïeu de goûts turlupine les imaginations gustatives les plus fantasques et volute une saveur …...… longue,……… longue en bouche.
Et en apothéose, là, tu oses. Tu proposes … un interminable final à laisser pantois, suspendu entre rêves, souvenirs et frénésie de récidives.
Aussi, ma soif de toi coule de source, essayer de la raisonner serait vain !
Absolument vin !