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Paroles Plurielles
2 octobre 2007

Rage against the machine (Francine)

Je lui ai dit de se taire : je ne voulais aucun bruit parasite pour cette expérience. Compréhensive, elle m'a laissé opérer à ma manière, scientifiquement, bien qu'elle ne put réprimer un petit air moqueur. Bien entendu, elle savait, elle. Forcément. Moi aussi, j'avais compris, je ne suis pas complètement idiot tout de même. La seule différence entre nous deux ? Prise de conscience, peut-être. Jusqu'ici, je n'avais pas voulu y réfléchir, pas m'encombrer l'esprit... D'abord, j'étais pas doué pour ça, surtout pour ces choses là. D'accord, d'accord, je mentirais si je disais que je n'avais pas apporté mon obole sur l'autel de la préméditation. Mais tout ça, ce n'est jamais que pure théorie. Alors, et d'une, c'est facile, et de deux, ça rime à rien. Et puis, je, je, je, moi je, moi j'ai, moi y en a... N'en avais-je pas tout simplement assez de ne tourner autour que de ma petite personne ?

J'ai posé mon oreille tout contre. J'ai fermé les yeux. J'ai attendu. Elle a retenu son souffle. Rien. Toujours rien. Dramatiquement rien.

J'ai relevé la tête, la mine déconfite. Elle a pris ma main et l'a posée sur. Comme une plume. Et puis rien, comme toujours. Je les retiens tous ces psy à la mords-moi-le-noeud, ces docteurs es machin-chose, ces experts en connerie humaine, oui. A te dire et redire ce que tu dois faire ou pas. Et les gens qui ne te loupent pas, au passage. A te juger dès le premier mot de travers. Toute une histoire et pour quel résultat ? Rien !

Et puis là, j'ai senti.

J'ai paniqué, je ne sais même pas si je l'ai embrassée. J'ai couru, j'ai dévalé quatre à quatre les marches, je suis parti. Le bar d'en face, vite. Vite !

Une bouteille.

Puis deux.

Puis trois.

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah, y a pas à dire, ça fait du bien par où ça passe, crénom de crénom de nom !

Maintenant, c'était certain. J'allais être père.

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Commentaires
B
si joli, on sait vite ce qu'il en est mais justement c'est ravissant
I
Quel beau texte super et cette emotion d'être Papa... c'est certainement sa toute première fois... la prochaine fois, Coumarine, mets des verres au lieu des bouteilles hi hi !
F
>>Farfalino : je connais François Ozon mais pas ce film précisément. Merci d'avoir introduit le débat.<br /> <br /> >>Le chien : et merci d'apporter un témoignage de papa :-) ! En fait, j'ai écrit cette histoire car quelqu'un dans mon entourage va bientôt être papa et m'expliquait que pendant longtemps, même s'il voyait le ventre de sa femme grossir, il ne réalisait pas spécialement. A tel point qu'il n'était, par exemple, pas question de réfléchir à un prénom pour le moment. Un peu surprise au début (je pensais naïvement que le déclic se faisait plus rapidement mais n'ayant pas d'enfant, il n'est pas forcément aisé d'appréhender totalement le sujet), j'ai essayé de comprendre son point de vue : je lui en reparle régulièrement et les premières sensations "d'être papa" sont apparemment venues lorsqu'il a senti les premiers mouvements. Ceci dit, cela doit prendre une autre mesure lorsque, comme tu le décris, le papa reçoit le bébé dans ses bras.<br /> <br /> >>Sodebelle et Matarjeu : merci à vous deux !
M
du suspense, et la chute est surprenante
S
Texte bien mené, rythme rapide, curiosité émoustillée... je me suis bien amusée à te lire.
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