Rage against the machine (Francine)
Je lui ai dit de se taire : je ne voulais aucun bruit parasite pour cette expérience. Compréhensive, elle m'a laissé opérer à ma manière, scientifiquement, bien qu'elle ne put réprimer un petit air moqueur. Bien entendu, elle savait, elle. Forcément. Moi aussi, j'avais compris, je ne suis pas complètement idiot tout de même. La seule différence entre nous deux ? Prise de conscience, peut-être. Jusqu'ici, je n'avais pas voulu y réfléchir, pas m'encombrer l'esprit... D'abord, j'étais pas doué pour ça, surtout pour ces choses là. D'accord, d'accord, je mentirais si je disais que je n'avais pas apporté mon obole sur l'autel de la préméditation. Mais tout ça, ce n'est jamais que pure théorie. Alors, et d'une, c'est facile, et de deux, ça rime à rien. Et puis, je, je, je, moi je, moi j'ai, moi y en a... N'en avais-je pas tout simplement assez de ne tourner autour que de ma petite personne ?
J'ai posé mon oreille tout contre. J'ai fermé les yeux. J'ai attendu. Elle a retenu son souffle. Rien. Toujours rien. Dramatiquement rien.
J'ai relevé la tête, la mine déconfite. Elle a pris ma main et l'a posée sur. Comme une plume. Et puis rien, comme toujours. Je les retiens tous ces psy à la mords-moi-le-noeud, ces docteurs es machin-chose, ces experts en connerie humaine, oui. A te dire et redire ce que tu dois faire ou pas. Et les gens qui ne te loupent pas, au passage. A te juger dès le premier mot de travers. Toute une histoire et pour quel résultat ? Rien !
Et puis là, j'ai senti.
J'ai paniqué, je ne sais même pas si je l'ai embrassée. J'ai couru, j'ai dévalé quatre à quatre les marches, je suis parti. Le bar d'en face, vite. Vite !
Une bouteille.
Puis deux.
Puis trois.
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah, y a pas à dire, ça fait du bien par où ça passe, crénom de crénom de nom !
Maintenant, c'était certain. J'allais être père.