Elle parlait de le quitter. (Léa)
Elle avait épousé Martin voilà trois ans. Juste après, elle avait rencontré Charlie. Et elle regrettait d'avoir épousé Martin, parce qu'elle aurait préféré ne pas le tromper. Pourtant, jamais elle ne divorcerait. Elle pensait que Charlie le savait. Jamais elle ne pourrait l'épouser lui, parce qu'il était un amant, pas un mari. Il faisait tout pour elle. Elle ne faisait pas beaucoup d'effort, juste assez pour le satisfaire, juste assez pour le garder près d'elle. Mais lui avait des projets, des projets d'avenir. Avec elle. Il parlait d'enfants, d'une grande maison et d'un labrador noir. Elle, elle parlait de le quitter.
Et puis un jour il l'emmena en voiture. Il l'amena à la campagne, parce que Paris l'insupportait, disait-il. Il l'amena dans ce petit village bourguignon et la déposa devant une grande battisse fraîchement retapée. Les feuilles mortes s'amoncelaient en bas des marches du grand escalier de l'entrée. Lorsqu'elle posa sa main sur la rampe, elle sentit les grains orangés de la rouille incruster sa paume. Le lierre grimpait autour des fenêtres aux vitres en PVC, d'où le scotch vert de protection n'avait pas encore été retiré. On entendait les oiseaux dans les grands chênes du parc. Puis Il lui donna solennellement les clefs de la maison.