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Paroles Plurielles
12 octobre 2007

Octobre (Chrysalide)

Les yeux grand-ouverts dans l'obscurité, allongée sur le dos dans cet immense lit froid, elle a épuisé sa réserve de larmes. Paul est parti depuis cinq jours, parti avec une autre, la laissant seule dans cette demeure isolée qu'elle a adorée et qu'elle exècre maintenant, cette maison qui semble si vide depuis qu'elle y erre, abandonnée au mileu de ses souvenirs. Leur amour a duré cinq ans, elle a cru qu'il durerait toujours, c'était sans compter sur le charme et la tenacité de la collègue de travail de Paul, c'était sans compter sur la routine qui s'était installée, sur le regard de plus en plus absent qu'il posait sur elle au fil des années, c'était surtout sans compter sur son corps frêle qui n'avait pas pu porté l'enfant qu'ils avaient tous deux désiré. Elle se remémore les moments de bonheur qu'ils ont partagés ensemble. Leur relation avait semblé à tous si inattendue, elle pauvre serveuse au café de la gare, lui propriétaire de ce chateau en haut de la colline. Elle avait été impressionnée par sa gentillesse, par sa modestie, lui avait été séduit par sa beauté fragile, par la douceur de ces grands yeux clairs, par la grâce qui émanait de chacuns de ses gestes, quand elle lui versait son expresso en souriant. Il était venu de plus en plus souvent, elle l'attendait patiemment, n'osant espérer sa venue. Ils étaient allés au cinéma ensemble, puis il l'avait invitée au restaurant, puis chez lui. Et cet après-midi d'automne où...

Elle frissonne, serre les machoires: sa décison est prise, elle doit partir, quitter cet endroit, ne plus jamais y revenir. Elle repousse le souvenir de cet octobre lointain où il lui donna solennellement les clés de la maison.

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Commentaires
M
ben oui, encore une pauvre naïve qui a cru que les princes épousaient les jeunes filles pauvres mais si jolies... et qui a cru que ça durerait toute la vie...
I
Triste réalité...<br /> <br /> Non l'amour ne rime pas avec toujours, ou si rarement..<br /> <br /> Alors peu à peu, il faut faire le deuil des illusions perdues, des rêves, et abandonner les lieux trop porteurs de souvenirs.<br /> <br /> Mais ca fait mal.
J
Encore un beau scénario "back street" agrémenté d'une ritournelle ("moi j'essuie les erres: Au fond du café"). J'en imagine un autre: Une femme trader qui retrouve un sans-papier qui bosse au noir dans le petit studio, où elle le cache et l'entretient, puis le laisse en plan. On a moins l'habitude,ça paraît plus choquant, mais c'est juste pour dire combien les nanas se font avoir. Petie méditation morale matinale, excusez du peu!
J
On sentirait presque le vecu...<br /> Toute une vie qui tombe en poussiere.
B
Une histoire d'amour qui finit mal...! Un beau texte, simple et si vrai.
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