Mélancolie (Virgul)
Cela faisait longtemps qu'elle se tenait immobile au sommet de l'ouvrage, presque hypnotisée par le jeu des feuilles mortes emportées par le vent.
La hauteur de l'escalier laissait deviner la profondeur du canal, et en plus des barges, des bateaux d'un certain tonnage ont du aussi l'emprunter.
Elle imagine les gestes et les cris des marins débarquant leur cargaison, les tonneaux et les ballots qui s'entassent sur le quai, elle sent même le parfum des épices, mélangé à ceux de la saumure et du poisson séché. Puis le bateau allégé qui repart et qui s'éloigne majestueusement vers d'autres mers, loin, très loin...à la rencontre des embruns.
Fille du vent, fille de l'air, elle rêve de voyage et de liberté.
Mais son regard revient se poser sur l'escalier. Il est beau, il est large, mais immobile et en pierre, il reste triste. Et le rythme de ses arches légères ne parvient pas à rompre sa désolante fixité. Seuls les deux anneaux accrochés à la paroi l'attirent et l'émeuvent, comme des promesses.
Elle se souvient de son anneau, celui qu'elle porte au doigt, depuis aujourd'hui.
Elle frissonne. Alors il la prend par les épaules et lui donne solennellement les clefs de la maison...