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Paroles Plurielles
21 octobre 2007

16. Une question de vie ou de mort (Vagant)

Mauvaise surprise, le quai du métro est noir de monde ! Je dois pourtant prendre la première rame qui se présente. C’est pour ainsi dire une question de vie ou de mort.
Elle arrive bourrée comme une bavaroise à la fête de la bière. Tant pis, je joue des coudes pour m’en approcher, être le premier à m’y enfoncer, comme une brute. Elle se traîne jusqu’au bout du quai, s’arrête enfin, semble hésiter, et elle vomit sur le quai un flot de voyageurs exténués. Elle en ingurgite aussitôt une autre rasade dont j’ai su faire partie.
Elle m’éructe à la station Wagram. J’ai 35 minutes pour trouver une bouteille de champagne, un plateau de petits fours, et l’hôtel Mercedes à la façade Art Déco et aux vitraux géométriques. Hôtel de charme côté face. Cathédrale de luxure côté pile. 40 minutes plus tard, je monte les escaliers quatre à quatre jusqu’à la porte de ma chambre. Toujours la même, curieusement, comme si je faisais du sur place. Comme en art, le renouveau n’est qu’un éternel recommencement.
Je me déshabille intégralement. Une douche, une goutte de parfum… et je réalise que j’ai oublié un élément fondamental de mon scénario : le bandeau ! Tant pis, j’en improviserai un avec une serviette de bain. Je retourne dans la chambre, j’attache le bout de mon ceinturon à la tête de lit et je forme un nœud coulant avec la boucle.
C’est maintenant l’instant crucial : j’ai 5 minutes pour ouvrir la porte de la chambre, la laisser entrebâillée, m’allonger dans le lit, nouer la serviette autour de ma tête, glisser mes mains jointes dans la boucle du ceinturon et tirer un coup sec.
Voilà. Mes poignets sont pris. Il ne me reste plus qu’à l’attendre. Oh, je n’ai pas peur de rester accroché là si elle ne venait pas : je pourrais me détacher tout seul sans trop de difficulté. J’ai simplement peur qu’elle ne vienne pas, tout comme j’appréhende son arrivée. La tension monte, impérieuse, dans tous mes membres, tous… Ça y est ! Ma tortionnaire vient d’entrer ! À moi la grande vie et la petite mort.

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Commentaires
K
Bon, bon......Nous irons donc lire la suite.
V
Coumarine risque de me taper sur les doigts, mais tant pis, je vais vous donner une petite explication qui satisfera peut-être ceux et celles qui sont restés, à juste titre, sur leur faim : Ce texte va faire partie d’un longue nouvelle érotique. Il apparaîtra légèrement modifié au début du chapitre 4 de « Mission libertine » à paraître lundi 29 Octobre sur mon blog.<br /> En fait, c’est la photo qui m’a fait penser à la déco de l’hôtel Mercedes où j’ai vécu tant de choses, alors que songeais à raconter un épisode particulièrement sulfureux…
P
Pour une fois, je reste sur ma faim (fin ?). Tout le texte m'a plue sauf le dernier paragraphe. J'imaginais quelque chose de plus... léger ? amusant ? ou peut-être... inattendu ?<br /> Je ne sais pas mais, quoi qu'il en soit, l'écriture est toujours aussi agréable à lire. J'ai bien aimé les termes liés à la digestion de la bière (vomir, eructer, ingurgiter, rasade...) pour exprimer la foule dans le métro.
R
"bourrée comme une bavaroise à la fête de la bière"<br /> pour ma thérapie contre la phobie du métro, c'est p'tête une image à garder ?<br /> <br /> pour en revenir au texte. j'aime bien la trame qui nous conduit sur un chemin inattendu au début de la lecture.
E
Efficace et le réalisme de "l'urgence" est bien rendu ... pour qui détient certains référents...
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