25. L'homélie (Cédric)
« …mauvaise surprise, le quai du métro est noir de monde !
Alors l’Homme, pressé et égocentriste, peste car il ne voit que la foule dans ce métro et non chaque individu dont elle se compose. ‘Moi’ contre la foule, dans un métro ou ailleurs; ‘Moi’ avec la foule, dans un stade ou ici même. Un Moi qui fait voir la réalité de manière tronquée. Car qu’est-ce qu’une foule sinon un ensemble d’êtres humains également importants, également précieux, également uniques. »
Tiens ! me voilà attentif au speech du type en robe. Faut dire que ce qui se passe depuis le début du cérémonial m’ennuie profondément : ces chants psalmodiés, ces gestes mille fois répétés, cette rondelle de pain de froment, ces coupes pompeusement dorées, j’suis indifférent à tout cela depuis bien des années, moi. Plus d’une décennie d’ailleurs que je n’avais plus remis les pieds dans une église, mais cette fois-ci, ça allait de soi, et puis suffit de regarder autour de soi pour passer le temps, y’a des vitraux, des visages, des meubles, un haut plafond, ‘tain c’est vrai qu’il est vraiment haut ce plafond, si au moins on pouvait rester assis tranquillement, sans devoir sans cesse se lever pour je ne sais quelle raison. En tout cas, y’a une de ces foules, et il a raison le type, c’est un ensemble d’êtres humains comme moi, chacun d’entre eux en train de penser à tout un tas de trucs, comme j’suis occupé à le faire. J’commence à avoir la dalle, ça creuse la petite rondelle. Tu dois bien t’marrer maintenant Etienne, dans ton hamac de nuage, à nous entendre penser.
« …Etienne était un être unique, comme nous tous. Il nous a quitté trop tôt, il laisse une famille dans la douleur et le chagrin. Prions pour lui alors que le seigneur l'accueille dans le royaume des cieux. »