41. Urbainement incorrect (Claire)
Mauvaise surprise, le quai du métro est noir de monde.
Tu
n'aimes pas cette intimité froide. Serrés, collés, collés-serrés, les
corps les uns contre les autres, les regards se fuient. Tu ne comprends
pas pourquoi de tels regards de poissons morts.
Pas un sourire même
avec une excuse. Les regards se détournent. Les corps assis l'un près
de l'autre se touchent et se repoussent à la fois.
Toi, tu es curieuse ; curieuse des visages, des tenues, des attitudes. Ton regard cherche les photos que tu pourrais prendre.
Ton
regard croise parfois le regard d'un autre qui tourne la tête. Les
enfants seraient les seuls à t'offrir un sourire. Mais tu déclenches la
peur des parents. Ne pas toucher la dame, ne pas lui sourire, apprendre
qu'il faut baisser la tête, baisser les yeux et vivre dans un carcan
d'indifférence.
Toi, tu cherches la lumière et la beauté. Tu
cherches un petit morceau de Beau dans ce mode souterrain. Certaines
stations t'offrent vitraux, mosaïques, lumière. Tu cherches l'évasion.
Petite
quand la messe dominicale devenait bien trop longue, tu croyais que
derrière les vitraux ensoleillés de l'Eglise, il y avait la mer.
Dans une station de métro noire de monde, tu t'imagines que derrière les vitraux, il y a tes montagnes.