17 novembre 2007
08_Jogging matinal (Le Chien)
Je n'ai pas mis les bonnes chaussures ce matin.
Pour ce genre de promenade, il aurait fallu des tennis.
J'ai les arpions en bouillie mais quand on a la rousse aux fesses, même à 52 barreaux, on a des ailes.
Ils courent vite ces perdreaux là. Sont pas costauds, mais ils tracent comme si leur vie en dépendait.
Pourtant le plus motivé à courir, c'est censé être moi !
Il doit sûrement s'agir de la nouvelle génération :
Ils ne picolent pas, ils sont sportifs, il y en a même quelques uns qui ont le BAC.
Apparemment, de nos jours, certain font le choix d'embrasser une carrière chez les condés…
Incroyable, ce que le chômage peut faire comme dégats !
Quand je repense à l'époque où les plus couillons qui avaient raté les trois additions du concours à la fonction publique, se rabattaient sur la maison poulaga pour prêter serment entre la bouteille de jaja et le sauciflard…
Je deviendrais presque nostalgique. En tout cas les joggings étaient moins rythmés.
Au bruit, je pense qu'ils se rapprochent. Entre mes pompes en cuir et mon sac à dos plein de babioles… je serais marron dans une minute. Ah… si je ne connaissais pas cette engeance de très près, mon respect serait presque forcé. C'est comme si les brillants que j'avais gaulés étaient à leurs bourgeoises.
Ok, la jeunesse, l'élite municipale…
On va voir si vous êtes aussi cons que vos aînés.
Faudrait voir à ne pas perdre toutes les traditions d'un seul coup quand même…
- Les deux agents municipaux virent le fuyard sauter du pont avant d'entendre un "plouf". -
"…Oui centrale ? Ici le brigadier Legal.
Le suspect vient, en quelque sorte, de sauter par dessus le pont "Anne de Bretagne"(…)
Si on le voit nager ? C'est à dire…non, rien a signaler par là. (…)
Ni de l'autre coté, en tout état de cause, me signale mon collègue (…)
Reçu (…) nous allons descendre sous le pont afin d'inspecter si l'individu n'est pas revenu sous celui-ci. (…)
Je vous rappellerai pour éventuellement mettre en "Stand By" la patrouille fluviale. (…)Terminé."
Bon, mes deux athlètes vont mettre 5 bonnes minutes à faire le tour et descendre jusqu'à la berge.
Je n'ai plus qu'à continuer de ramper sous le parapet du tablier, vers la rive opposée.
Quelle journée de merde ! J'suis trop vieux pour ces conneries…
Encore heureux que ces deux énarques ne fassent pas le distingo entre le bruit d'un corps qui tombe et 60 plaques de matos à la baille…
Commentaires
De Nantes à Montaigu…
Pluto :
Absolutivement correct. Je suis nantais et je t'avoue me creuser rarement le ciboulot pour trouver d'autres lieux que cette ville que je connais par cœur, pour planter mon décor.
Quand j'imagine un pont je vais aussi sec parler du pont transbordueur, du pont Anne de Bretagne, Cheviré, ou de Saint-Nazaire, il y a de quoi faire dans le 44… Pourquoi aller chercher ailleurs ce que j'ai sous les yeux et qui est - chauvinisme inclus ou mis à part - une des plus belles villes de France ?
Je préfère mettre le paquet sur l'intrigue, l'histoire, la blague que je vais tenter de vous faire lire, plutôt que de perdre mon temps à chercher des endroits, que je ne connais pas.
Et oui, en tant que chien nantais, je cours souvent derrière les épagneul bretonnes, car, dieu me le pardonne, j'en suis très friand.
Martajeu :
"Manichéen…" Si tu veux.
"Il y en a aussi des bons" certainement.
Il y a peut-être aussi de belles âmes chez quelques huissiers de justice, curés, juges, CRS… pourquoi pas ? Il y a bien des oasis dans le désert.
Toujours est-il que je les trouve, disons, moins romantiques que leur gagne-pain.
C'est peut-être dû à un manque d'imagination, mais la plume à la main, je choisi souvent l'autre camp.
Ce n'est pas mon enfance disons… tumultueuse qui m'aidera à encenser nos chers fonctionnaires.
Ce n'est pas non plus en continuant d'écouter Brassens, Lavillier, Renaud ou Léo Ferré que le pli s'écrasera, j'en ai peur.
Voilà…
Comme beaucoup de petits garçons, quand il était pourchassé par le gendarme, je prenais toujours parti pour Guignol.
On ne se refait pas.
" N'oubliez jamais que ce qu'il y a d'encombrant dans la Morale, C'est que c'est toujours la Morale des autres." (Léo Ferré)Va pour un lexique
Pas de lézards ma belle, il n'y a qu'a demander (une bourgeoise affranchie en vaut deux) :
- Arpions : pieds et plus précisement orteils
- la rousse, les perdreaux, les condés, la maison poulaga : la police
- 52 barreaux : 52 ans
- tracer : courir
- jaja : alcool, vin, plus précisement de l'eau de vie.
- être marron : se faire repérer, se faire arrêter, se faire avoir ou berné.
- brillants : bijouterie, diamants plus presisément
- gauler : voler
- leur bourgeoise : leur femme
- matos : matériel, mais c'est un terme très général qu'on peut utiliser pour parler de drogue par exemple, en l'occurence, ici, le matos désigne les bijoux volés.
- la baille : l'eau.
et un dernier pour la route !
- affranchi : être au courant… Peut-être aussi utilisé comme adjectif pour désigner quelqu'un appartenant à la mafia : un affranchi.Ouf ! Avec le lexique, Le Chien, je comprends et j'apprécie mieux.
J'ai des excuses, je suis belge " une fois, hein" !
Et je ne suis pas du tout du milieu ( ni flic, ni voyou )
Ceci dit, tes mots nous emportent et c'est l'essentiel.
Tiens, mais dis-donc, si une fois, j'écrivais un texte en " belche" ?
Au début, j'étais réticent à entreprendre la lecture, puis en m'y mettant, j'ai bien accroché, dialogues vivants, humour idem, et peu importe la chûte où j'attendais autre chose.
On est vraiment à la place du gugusse ...
Petite question : tu parles d'"Anne de Bretagne", tu n'aurais pas des origines bretonnes (coté épagneul, bien sûr, vu ton pseudo (Humour)) ?