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Paroles Plurielles
3 décembre 2007

14. Délation (Christine 2)

Monsieur le Feldgendarme,

En bon citoyen français et bon Pétainiste, je vous demande de prendre en considération cette lettre. Je dénonce par la présente le comportement inadmissible de certains de mes concitoyens.  Bien évidemment vous comprendrez mon intérêt à respecter mon anonymat …

En effet, Monsieur Leblanc militant est membre actif dans le combat clandestin dès 1940. Sa fille Odette sténo dactylo y a également adhéré. Son métier lui permet aisément de voler l’encre servant à écrire les tracts tapés sur une ronéo dans l’imprimerie de Léon et comme elle s’en va très tôt le matin, elle emporte avec elle des liasses de l’Humanité.  Elle sert aussi de relais boite à lettres, recherche des cachettes afin de planquer les combattants clandestins, fait franchir la ligne de démarcation en aidant des prisonniers évadés, des israélites, des résistants chassés par la Gestapo à passer en zone libre.  Elle a pris une fausse identité. Son frère Jean a rejoint la Résistance   Il fait parti des Francs-tireurs et Partisans et se livre à des actes de sabotage.  En promenant mon chien dans le bois de la Ferrière, je l’ai identifié clairement. Il sortait de la clairière après y avoir déposé une caisse contenant des armes et explosifs.

Madame Doret fait dans le marché noir dont elle n’arrête pas de se vanter. Récemment elle m’a éconduit après lui avoir demandé de me vendre un lapin. Il reste monsieur Martin. Lui, cache son fils dans sa cave car il ne daigne pas intégrer le S.T.O et Monsieur Maurain, très friand d’art est propriétaire d’authentiques fresques dont aucune ne semblent n’avoir été référencées dans vos services.

Monsieur le Feldgendarme, je vous remercie de l’attention portée à ma lettre.  En ces temps de privations, même avec les tickets de rationnement il est difficile d’alimenter une famille avec six enfants.  A ce que je sais, je m’autorise à penser vous, autorités compétentes,  offrir  X francs par tête en récompense.

Dans cette attente, je vous adresse mon profond respect.

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Commentaires
J
Ah, c'était donc toi qui a dénoncé mon grand-père..Je viens de lire son nom, puisque je vois aussi le nom de mon voisin, Mr Martin..<br /> <br /> Je le savais que tu jalousais ma grand'mère..Elle ne savait pas qui avait dénoncé son mari...Jalouse, tu n'es qu'une jalouse..Je vais aller te dénoncer à Coumarine sur le champ et lui dire que tu as mis pleins de "u"...
I
Mais quel odieux personnage que tu nous décris là ! J'en ai froid dans le dos<br /> <br /> Qu'il (ou elle) avale ses U et surtout que le remords le(a) poursuive !
N
Je suis tout à fait d'accord avec Cassy.
M
L'idée est bonne, mais des erreurs historiques : les délateurs ne parlaient pas d'israélites, mais de juifs. Aucun commerçant ni paysan ni industriel ne se "vantait" de faire du marché noir ! Tout le monde le savait, c'est tout. <br /> Et puis piétiner la consigne à ce point, quand même !!!!
C
Et bien moi ce qui me gêne c'est qu'il y est autant de U dans le texte. La consigne n'étant du coup pas respecté. Pour ce qui est du texte lui-même, il fait froid dans le dos c'est vrai, mais on m'a relatée des histoires très semblables à celle-ci. C'est un pan de la guerre dont on parle peu. Je pense notamment à une famille qui vit dans le lot et garonne, prospère, après avoir "vendu" des dizaines de juifs et de maquisards aux boches. Pas joilijoli hein?
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