23. Procédons par élimination (Oncle Dan)
J’ai bien fait le tour de la question. Je l’ai examinée sous toutes les coutures.
Dans le petit commissariat de quartier, tous les inspecteurs étaient là et entouraient le commissaire en retenant leur souffle.
Je ne sais pas qui l’a posée sur le tapis, mais ce qui est certain, c’est que plusieurs réponses sont possibles, parmi lesquelles l’une d’entre elles me paraît être la bonne.
Si je procède par élimination, ajouta-t-il, après un temps de réflexion.
Le pouvoir de déduction du commissaire était reconnu de tous, et il ne faisait plus de doute que cette énigme qui les avait tenus en échec depuis des mois, allait enfin être résolue.
Vous remarquez, tout comme moi, enchaina le commissaire, que les volets sont comme pétrifiés et ont l’aspect du crépi.
Oui, oui, répondit l’inspecteur Marfau, c’est bien ce qui nous intrigue. C’est inexplicable.
Sur celui de gauche se dessine une main ou la trace d’une main. Vous l’avez vu comme moi ?
Oui, oui, répondit encore l’inspecteur sur un ton légèrement agacé.
Il est remarquable, poursuivit le commissaire, que cette main soit essentiellement composée de trois doigts et d’un pouce, le quatrième doigt n’étant qu’une ombre fantomatique, séparée du reste.
Martinez se demandait où voulait en venir le boss et regardait sa montre avec impatience.
Nous le savons tous depuis longtemps, commissaire. De grâce, achevez.
Et bien cette main n’est pas celle d’un être humain.
Cette affirmation, et Dieu sait que le commissaire n’affirmait jamais à la légère, fit l’effet d’une bombe dans le petit commissariat.
Ce n’est pas la main d’un être humain ! Mais alors, la main de qui ou de quoi ? Osa le petit San-Francisco.
Enfin, San-Francisco, vous voyez bien que cette main est beaucoup trop grosse, ou alors, ce sont les volets qui sont trop petits, se fâcha le commissaire.
On enferma le commissaire quelques jours plus tard, dans un établissement spécialisé.
Il n’était plus que l’ombre de lui-même.