43. Clap (Cassandrali)
- J’ai bien fait le tour de la question… Mais j’t’assure, je n’sais plus… Je m’rappelle plus…
-
C’est insensé ! Il doit bien y avoir un truc dont tu te souviens quand
même ! On n’oublie pas tout une soirée comme ça bon sang !
- Ne cris pas, j’ai mal au crâne…
Il
se tut. Après un court instant, elle reprit d’une voix hésitante, au
fur & à mesure que les bribes de ses souvenirs revenaient :
- J’entends de la musique, des chants… L’atmosphère est très étrange, envoûtante… Elle
m’inquiète & m’attire en même temps.
Les gens autour de moi me sourient, m’effleurent… Certains me caressent, m’embrassent…
Je reste docile. Je ne cherche pas à m’enfuir… J’apprécie ces gestes de tendresse.
Le champagne coule à flot & les coupes s’enchaînent…
Je
m’avance vers un groupe affalé devant une table de verre où toutes
sortes de substances interdites sont consommées sans modération…
Cocktails détonants auxquels je m’adonne sans retenue.
- P’tain t’as pris d’la came ! T’es complètement folle ou quoi !
- Tais-toi ! Comment veux-tu que je me rappelle si tu m’coupes tout l’temps !
Je
me souviens de cette vision enchanteresse, celle de cet ange sorti de
nulle part qui s’approche de moi. Il m’enlace, m’emporte dans ses
danses démentes, tourbillons enivrants me menant dans un état proche
d'une transe… Oubliant la bienséance, obnubilée par son charme &
fascinée par son regard, je m’abandonne à lui…
J’entends
des rires… Je suis la risée des spectateurs. Je vois leur visage
répugnant & dans leurs yeux, le désir d’assouvir leurs fantasmes…
Ils m’agrippent, je crie, me débats… Je deviens hystérique.
Puis c’est le trou noir.
Le
silence pesant me réveille. Il fait noir. Une odeur infecte règne dans
la pièce. Je me lève, me dirige vers la fenêtre. Fébrile, je pousse une
persienne. La lumière aveuglante pénètre l’endroit…
Les mots se perdent dans ses sanglots :
Je… Je découvre du sang sur mes mains… Du… Du sang sur mon corps nu…
C’est horrible… Y en… Y en a partout…
Coupez ! C’est bon pour moi, on la garde.