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Paroles Plurielles
11 février 2008

16. Quand Mélanie se déchaîne (Amanda)

J’ai sorti mon cahier à couverture rouge de mon grand sac.

Et j’ai commencé à noter la fréquence des contractions.

Je n’avais, comme d’habitude, rien préparé et attrapé au jugé ce sac où j’avais jeté un peu de tout en vrac. A mon 8e mois de grossesse, ma valise n’était pas faite, pas prête.

Moi non plus d’ailleurs, je n’étais pas prête.

Mais refaite, ça, oui ! Et drôlement !

Heureusement que le chauffeur de taxi n’a rien vu.

Pas vu, pas pris…

«  Mélanie, ma fille, qu’est-ce que tu as pu être bête !

Tu savais bien, que toute cette histoire avec le Gros tournerait mal.

Tu n’as écouté personne ! Et te voilà encombrée d’un têtard, en prison dans ton ventre, dans l’attente d’un avenir aussi aléatoire que dérisoire… »

C’est vrai qu’au départ, j’étais bien innocente…
Ma mère m’a vue arriver avec un accablement certain, en 7e position dans la hiérarchie familiale.

Elle, qui croyait naïvement être à jamais débarrassée de ce genre de mésaventures, à force d’user et d’abuser d’aiguilles à détricoter.

Très vite elle m’a casée comme bonniche au couvent. Une bouche de moins à nourrir et le secret espoir que je n’en sortirais jamais et resterais bonne sœur pour la vie !

Mais moi, enfermée, cadenassée, jamais !

Chez les nonnes, je me suis gavée de connaissances médicales rudimentaires, entre vider un pot de chambre et faire une piqûre…

A 18 ans, j’ai sauté par-dessus la grille dans le premier train pour la capitale.

Les quelques sous grappillés ça et là ont payé ma chambre d’hôtel et l’impression de  cartes de visite déposées dans le quartier de la Gare Centrale avec mention en italique «  Mélanie Cruchon, infirmière à domicile »

En un mois, j’avais ma clientèle, y compris la femme du Gros.

Dès le premier jour, j’ai su qu’il m’avait dans la peau. C’était trop beau !
J’ai piqué juste là où il faut et il s’est retrouvé veuf.

Le lendemain cet imbécile de commissaire l’a mis en prison…

Me laissant pieds et poings liés.

C’est pas gagné !

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Commentaires
S
j'aime beaucoup ton récit. Je le trouve à le fois drôle et touchant.
A
Oui, Pivoine, ce matin moi non plus je n'avais pas accès aux comm' Apparemment ce soir vers 18h cela remarche.Par contre le texte mis en dernier est illisible. Lettres trop petites.<br /> Merci pour ton comm '<br /> Fabeli, je ne suis pas désabusée, ceci est une histoire vraie, que tu le croies ou non. C'est arrivé à la marraine de mon homme, sauf l'histoire du meurtre...
F
je le trouve très bien aussi ce texte, sur l'air du "tel est pris qui croyait prendre". La narratrice est assez sympathique malgré son sang froid désabusé.
P
Je ne sais pas si c'est le cas chez vous, mais depuis hier, je n'ai pas accès aux commentaires déposés de ci, de là. Est-ce que c'est propre à mon compte ou est-ce que c'est comme ça partout? En tout cas, je n'y vois et n'y comprends rien...<br /> <br /> De toute façon, ce texte est très bon.
B
à quoi peuvent amener un cahier et un cadenas, ma bonne dame !
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