21. Les cahiers au feu (Charlotte)
J'ai sorti mon cahier à couverture rouge de mon grand sac.
Et je l’ai jeté au feu. Voilà c’est fait ! On n’en parle plus ! Bon débarras.
D’ailleurs tout ce qu’il y a dedans, je le connais pour l’avoir écrit des centaines de fois: des histoires d’états d’âme, de cœur, de corps triste ou malade. Cela n’intéresse personne.
Et puis tout cela, c’est du passé, pas toujours très simple, c’est vrai, mais faut passer à autre chose comme on se le répète à longueur d’année et de journée, avec toute la mauvaise volonté mal placée.
C’est vrai quoi, faut regarder devant soi, la vie est courte, faut en profiter, imbécile !
Encore un de ces clichés qui font dresser mes cheveux en permanente guerre sur ma tête.
« Tu as tout pour être heureuse » !
Là, je sens que la fin s’approche à grands renforts de regrets avec ces « j’aurais du »…
Me jeter au feu aussi sans doute.
Il y a de ces bons débarras qui ne s’envolent jamais en fumée et empoisonnent l’air d’une chambre à écrire.
La mienne.
Difficile d’y respirer à moins d’ouvrir une fenêtre.
Bonjour le courant d’air ! Ca fait du bien quand même !
J’ai donc pris dans mon tiroir un nouveau cahier à couverture bleu ciel. Va-t’en te comprendre !
Toutes les pages sont blanches : cela me donne des envies de…
Voilà que cela me reprend… ce besoin d’écrire sur moi, de moi à moi.
Mais cette fois, c’est décidé mûrement, je mets un code secret d’accès à mon cahier et je l’enferme à clé dans mon armoire avec un gros cadenas que je vais d’ailleurs m’empresser d’aller acheter.
Allez, à tout à l’heure, pour la suite !
J'en ai plus que marre de ce frère qui lit mon journal intime et a le culot d'y laisser des commentaires.