33. Délivrance (Lukeria)
J’ai sorti mon cahier à couverture rouge de mon grand sac, que j’avais enfoui un jour au fond de l’armoire. Enterrer ma part d’ombre. Reniement.
J’ai mis de la musique douce, puis j’ai disposé un bouquet de fleurs jaunes dans un vase, fermé les volets, fait brûler de l’encens, allumé les bougies disséminées dans la chambre et je me suis allongée sur le lit. Cérémonieusement.
J’ai ouvert le cahier et j’ai osé regarder en face la noirceur de mes mots, page après page jusqu’à la dernière. Résolument.
Je suis revenue au début, j’ai de nouveau parcouru plus lentement toutes ces lignes sombres. Et j’y ai découvert ça et là des parcelles de lumière que je n’avais pas perçues à première lecture, je les ai recueillies. Précieusement.
J’ai pu alors déverrouiller mon cœur, la lumière m’a pénétrée, par petites touches, jusqu’à ce qu’elle m’inonde. Embrasement.
J’ai levé les yeux et j’ai enfin pu me voir pour la première fois dans le miroir, telle que j’étais. Entièrement.