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Paroles Plurielles
23 février 2008

9. Triste histoire (Claire)

Il n'en a parlé à personne. D'ailleurs Il ne parle plus, même plus avec les yeux. Il a eu trop peur, il a eu trop mal. La souffrance a été immense, le désespoir profond. Il ne parle plus, de peur de relâcher cette souffrance trop grande, ce désespoir trop profond dans un monde déjà trop malade. Il garde en lui ses mots, ses cris dans la cage de son corps.
Sa mère, elle, elle a hurlé sa peine. "Parle, mais parle donc, dis-moi." Il n'a rien dit, elle n'a pas pu mettre des mots sur sa peine. Maintenant, elle les murmure, ces mots : dis-moi, parle-moi, je t'aime. Elle les murmure, ces mots, à son enfant aux yeux éteints.
Le père, cette nuit-là, il a pris son fusil. On ne sait pas s'il a trouvé la réponse. On ne sait pas si la réponse a été trop lourde, trop grande à porter. Ce soir-là, le Père il s'est tué.

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Commentaires
R
un texte bien bouleversant<br /> j'aime assez la construction de la dernière phrase qui ressitue bien le texte, au travers des yeux d'un enfant.
S
Texte très fort. <br /> Tes trois personnages sont chacun seul et enfermé dans leur souffrance. Chacun le manifeste à sa façon.<br /> <br /> Je rejoins Pati, tout est dit dans la briéveté de ton texte. Et comme dit Noisette chacun y mets ce qu'il veut. Tu laisses au lecteur sa place de lecteur.
N
Ton texte - très bien écrit - ne peut pas laisser indifférent. Chacun y projette l'idée qu'il se fait de la noirceur. Moi j'avais pensé à l'inceste.
P
ben personne ne dit que c'est rudement bien pondu, par contre ? ;))<br /> <br /> noir, sans aucun doute, Claire. court, comme toujours chez toi, mais (à la différence du texte de Walrus, par exemple), là, le court sert tes mots. rien ne manque, tout est dit. enfin, c'est mon avis, hein... :))<br /> <br /> perso, j'ai imaginé l'enfant ado, vivant un drame au-delà de son seuil d'acceptation. lutter est trop rude pour lui.<br /> puis, c'est la peine de la mère à ne pouvoir le secourir, et l'effondrement du père face à sa propre impuissance à aider son gosse...
O
Pour être noir, c'est noir. C'est clair !
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