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Paroles Plurielles
25 février 2008

19. Le tableau (Céciline)

Il n’en a parlé à personne. Pourtant, moi, je savais. J’avais compris. Son tableau parle pour lui. Il était mort une fois, deux fois, tellement de fois. Tellement. Son cœur ne se résumait plus qu’à une plaie béante, ensanglantée. Combien de fois avais-je planté mon couteau dans son cœur ? Je ne saurais le dire. J’étais sa meurtrière, son bourreau… et pourtant son salut.
Son secret, c’est mon secret. Sa souffrance est la mienne. Je suis son bourreau, il est le mien. Je suis son salut, il n’est pas le mien. Je l’ai toujours su. Vouloir le sauver ? C’était déjà trop tard.
Aujourd’hui, je pleure. Il m’a envoyé son tableau. Il sait d’avance ma réaction. Je le hais. Pourtant, je résisterai. Je ne tomberai pas dans son piège. Je ne suis pas coupable. C’est lui qui m’a mis ce couteau en main. Son cœur, c’est lui qui se l’est ouvert. Il a toujours su que c’était impossible. Mais il a espéré. Suis-je à damner ?

Son tableau… son tableau représente la scène mille fois répétée, revue dans nos têtes. Cette scène où je lui dit : « NON !!! Tu ne peux pas ! Je te hais… je ne suis pas folle, c’est toi qui l’es ! Monstre ! Va-t’en…va-t’en loin de moi…à jamais ». Je me souviendrai toujours de son regard ahuri, du sang qui se mit à couler sur ses lèvres, son cœur saignant, sa tête se teinter de tristesse.
Je tenais à lui. Mais ce jour où j’ai compris, c’était fini. J’avais vu le regard qu’il posait sur moi. Un regard de désir, d’amour …et d’attente. Je n’ai pas pu le supporter. Je me suis enfouie.
Il m’a envoyé  le tableau le jour de mon mariage ! Il ne voulait pas que je me marie. Alors, je lui laissai un message comme quoi je me mariais coûte que coûte et que je haïssais son tableau. Mais je l’ai gardé. Le voici, Monsieur l’inspecteur.

-   Bien, madame, répondit l’inspecteur de police. Avez-vous une idée de la raison de son suicide? Ne me dites pas que c’est parce que vous n’aimez pas son tableau…

-   Non, monsieur, ce n’est pas pour ça. Il n’en a jamais parlé, il ne me l’a jamais dit mais je le savais. Mon frère m’aimait, monsieur, comme personne. Mais je n’ai pas voulu de lui…

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Commentaires
T
stupéfiant de maturité, et de regard sur l'absolu des sentiments
C
Eh bien! pour un texte d'une si jeune écrivante...il est rondement mené...jusqu'à sa chute inattendue...<br /> Et bien écrit...<br /> Je te félicite Céciline
S
terrible histoire, très bien rendue.
J
Quelle chute!!<br /> Un tout bon texte :)
P
tout d'abord, bienvenue sur PP, Céciline. je suis ravie de voir une écrivante de (bientôt) 16 ans nous rejoindre :))<br /> <br /> ton texte est très bon. vraiment. il y a un crescendo, qui mène à une chute très bien amenée, qu'on ne devine qu'à mots couverts dans ton texte.<br /> de plus le sujet est bien traité, et original.<br /> <br /> j'aime beaucoup certaines de tes redites ; elles accentuent le malaise de ton personnage.<br /> <br /> j'ai juste un doute sur : "Je me suis enfouie."<br /> j'ai d'abord pensé à une faute de frappe, et puis je me suis dit que peut-être la faute n'en était pas une. s'enfouir dans son désespoir collerait assez bien à ton personnage, je trouve. et je n'ai pas vu d'autres fautes (d'ailleurs, je t'en félicite, c'est loin d'être le cas de tous nos participants!!)<br /> si tu pouvais m'éclairer ? (si c'est une faute, je la corrigerai, évidemment)<br /> <br /> voilà, je laisse les autres te découvrir.<br /> bonne route chez nous, Céciline :))
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