23. Paternité (Ponine)
Il n'en a parlé à
personne. Il a eu envie pourtant d'aller se confier. Cécile a
bien vu que quelque chose ne va pas, et il a été tenté
de tout lui avouer. Elle est si bonne, si compréhensive,
peut-être pourra-elle pardonner ?
Il avait espéré
Marion définitivement sortie de sa vie, mais il l'avait revue
dans des circonstances que ni lui ni elle n'avaient prévues.
Ils
n'avaient pas éprouvé d'émotion particulière,
pas même un restant de tendresse. Il s'enquit du sexe de
l'enfant mais ne voulut pas connaitre son prénom.
Il
avait pensé à cet enfant dont il était le père,
aux années partagées avec Marion, à sa
responsabilité envers eux deux, à ce que ce bébé
penserait de son père quand il serait en âge d'avoir
conscience des circonstances de sa naissance... tout cela ne pesa
rien face à sa peur de blesser et de perdre Cécile et
leur enfant à naitre.
Il laissa passer les jours sans
rien dire à personne. Marion avait les moyens de subvenir aux
besoins de l'enfant. Il éprouva contre elle une colère
non dénuée de mauvais foi : pourquoi donc lui
avait-elle caché qu'elle était enceinte ?
Il se
promit, comme Marion le lui avait demandé, de faire bon
accueil à cette fille dont il ignorait jusqu'au prénom,
si un jour elle souhaitait le rencontrer. Il se promit également
d'être le meilleur des pères pour son deuxième
enfant, en espérant que sa présence auprès de
l'un compenserait le tort fait à l'autre.
Quelques mois
plus tard Cécile donna naissance à un garçon.