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Paroles Plurielles
28 février 2008

31. Les nuits blanches de l'art moderne (Pivoine)

"Il n'en a parlé à personne."
Il insiste. Balance du chef. Et du couvre-chef.
Comment faire rentrer cette vérité dans le crâne de ces raisonnables?
Il écarquille ses yeux d'une cravate à l'autre.

"Non. A personne." répète-t-il. Pas de leur secret à tous...
De mémoire d'homme peint dans un musée. Ça ne s'est jamais vu.
Impossible, pour eux, de se prendre d'amour comme ça, pour deux visiteuses...
De leur larguer le secret de folles nuits minuinesques.
Pis! De les inviter dans une soirée très privée.

"Mwouais. Alors, tout pour toi?" émet enfin Magritte...
"Moi j'en veux au moins une."
"Tais-toi et peins" jette Delvaux, glissant l'huile de lin sous les molières du vieux surréaliste.

Spilliaert, lui aussi sorti de ses cadres, s'amuse à jouer avec ses yeux.
Pif! Une bille en l'air!
paf! Un trou noir.
Bleu! Un ciel de pastel.
"Deux ou rien, ça m'est égal. Je ne suis pas ce vieux débauché de Rops..."

Un parfum de beurre d'encre coule des cadres.
"D'encre ou de seiche?" Pas gouté ça, moi, à Jabbeeke.
Et voilà Permeke, tentant son énième glissade à travers le sous-sol, un plat de pommes de terre en équilibre sur un plateau.

"Tu permets?" Proteste Emile Claus.
"Tu m'as chipé ma palette..."
"Pff! Une palette ça?" gronde Permeke.
Dégouté, il la pose dans un coin, en tas, comme une veste démodée.

Et quand dans un froufrou délicieux apparait la belle épouse de Gallait, ennuagée de tulle, suivie de son carlin favori, tous se taisent, muets. La beauté!
La beauté la fleur de camélier s'aventure au milieu de leurs pommes d'Adam

Et le voilà enfin, ce duo singulier, avec eux

La photographe du XXIème siècle.
Dans les yeux de l'écrivain rieur du XXème.
L'apprentie d'atelier, la gâcheuse de toile,
Et ses brillants papillons d'or

Comme de fières et fantasques visiteuses.

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Commentaires
P
Tiens, Azalaïs, je n'y avais pas pensé! Et pourtant!
A
Il ne manque plus que Belphégor !
J
La nuit porte miracle! L'écriture aussi! Cette animation légère et fluide qui circule d'une toile à l'autre pour les mettre en vie, c'est délicieux!
P
de rien, (pour le merci o:) j'aime beaucoup l'idée de gens mêlés à des personnages de films... Ou de tableaux... J'avais une bd enfant qui racontait une histoire comme ça... Les héros entraient dans un tableau de Breughel, et ça me faisait rêver. Et puis, je me suis bien amusée à l'écrire. Curieusement, je voyais l'endroit, et tous ces peintres et personnages peints discutant le coup entre eux et se baladant dans un musée désert, sur le coup de minuit... <br /> <br /> (Amanda, eux peignent à l'huile et je peins à l'acrylique, un peu par hasard, mais l'acrylique se peint comme l'huile...)
P
ça, c'est de l'atelier de peinture ! un rêve, cette réunion au sommet.<br /> j'aurais bien aimé qu'ils se mettent au travail en commun, ça aurait valu le détour, un tableau d'eux tous ;))<br /> <br /> une écriture toujours aussi originale, aussi riche d'enseignement, Pivoine. tu connais ton sujet, et on apprend à chaque ligne.<br /> mais la leçon reste ludique et plaisante. plus, elle amène un franc sourire et c'est un vrai bonheur !<br /> <br /> merci beaucoup pour ce morceau de rêve à l'huile.
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