Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Paroles Plurielles
1 mars 2008

38. Dans l'azur d'un ciel indifférent (Pati)

Il n'en a parlé à personne.
Il s'est assis sur le banc, à l'ombre des oliviers centenaires.
Il a rectifié le nœud de sa cravate à pois et a perdu son regard glacier dans l'azur d'un ciel indifférent.
Son visage n'a laissé nul émoi transparaitre. Juste assis là, à l'ombre des oliviers séculaires, il a laissé sa vie couler hors de sa mémoire, l'a étalée devant lui.
Il l'a bue encore et encore, la lie de sa vie. À s'en saouler de désespoir.
Rien n'est venu percer cette terrible solitude. Même les oiseaux ont stoppé leur chahut et l'ont sevré de leur musique. Même les oiseaux l'ont condamné au silence éternel.
Il a croisé ses mains sagement sur ses genoux serrés. Le dos bien droit contre le bois cendré du banc, il a brulé le temps.
Et le temps l'a consumé.
Alors est monté dans le bleu de ses yeux tout le poids de sa peine et de sa déchirure.
Parce qu'on peut contenir son corps dans un carcan rigide, qu'on peut statufier son cœur et museler sa bouche mais qu'on ne peut pas maitriser son regard, c'est tout le poids de son désarroi qui d'un coup s'échappa de ses yeux. Les pupilles dilatées par l'enfer entrevu, il s'affaissa lentement sur lui-même, devint une ombre parmi les ombres et tout fut dit.

Si un jour vous vous aventurez parmi ces oliviers, peut-être verrez-vous ce banc gris cendre, peut-être aurez-vous l'envie de vous y reposer un instant, la vue est si belle, de ce banc.
Mais au moment de vous poser, peut-être sentirez-vous comme une présence, une ombre parmi les ombres, un souffle bleu glacier qui vous chuchotera d'aller voir ailleurs si les oiseaux chantent leur chanson. Peut-être même qu'en repartant, du coin de l'œil, vous croirez apercevoir une silhouette diffuse en costume bleu et cravate à pois.
Puis vous secouerez la tête et penserez à autre chose...

Publicité
Commentaires
P
merci à toutes :)
A
Pati, c'est véritablement un morceau d'anthologie. Je reste sans voix devant ton écriture poétique, précise ( toujours le mot juste ) mais qui nous chamboule complètement.<br /> Sincèrement je pense que ce texte dépasse de loin tous les autres !
P
le thème du feu revient là aussi............. Peut-être devrais-tu écrire là-dessus totalement, je veux dire, jusqu'à le sortir de toi.
A
Le paysage entre en lui comme un grand vaisseau désespéré par la tempête et nous laisse à notre tour su ce banc orphelins de ta si belle écriture !<br /> c'est vraiment très très beau
C
Pati...mais quelle belle écriture...ample, large et...douloureuse...<br /> J'aime...
Publicité