Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Paroles Plurielles
2 mars 2008

40. La Géante Rouge. (Jujube)

Il n’en a parlé à personne.
Heureusement.
Mais il sait.

Jean-Paul Tergal est un garçon effacé, intégré dans une équipe d’astrophysiciens de pointe. La recherche le passionne, il passe tout son temps dans le labo et les observatoires pour anticiper la fin du système solaire, la fin de la planète Terre, et la monstrueuse transformation du soleil en Géante Rouge dévorant toute vie dans son expansion brûlante et gazeuse, dans sa suprême toute puissance incandescente et volatile. Jean Claude s’efface  dans ces scénarios qui ne préoccupent personne autour de lui,  autant qu’il oublie de se préoccuper des autres. C’est pourquoi il n’en a parlé à personne.

Le dimanche, Jean-Claude, dans son costume clair ponctué d’une cravate neuve, fait exception à son univers cosmique. Il  se rend à la messe de onze heures, à Notre-Dame. On sait que dans cette paroisse, les jeunes gens se repèrent d’une travée à l’autre et que de beaux mariages assortis au bon ton de la société, y germent. Bien que Jean-Claude s’en remette à cette tradition pour espérer mettre fin à son célibat, il est souvent distrait à l’office. La Géante Rouge envahit son esprit et son regard vide, quoique intensément bleu, se fige sur sa vision.

Il sait, au début la chaleur montera par épisodes imprévisibles, la Géante ciblera des zones ponctuelles, à son caprice. Ce seront des tempêtes de chaleur qui cèderont brusquement. Mais la température se haussera soudainement à 240°, thermostat 8. Tous seront surpris. Dans cette église, par exemple, en 40 minutes, tous cuiront comme brioches au four. La voisine, rentrant du marché dans sa Twingo cuira à l’étuvée et on la retrouvera à point, avec sa petite garniture de légumes primeur. Le labrador Skip fondra et dorera comme une crêpe. Eva, sa cousine, cuira au court bouillon dans son bain aux algues. Et le sauna municipal deviendra un énorme pot de rillettes!

Mais l’orgue éclate sur le Gloria. Les cloches, la lumière, c’est l’heure du déjeuner chez Maman.

Publicité
Commentaires
J
Pour ceux qui connaissent Sternberg,ou Bettencourt, ou Topor ou Max Aub.... Je ne suis pas toute seule à m'amuser comme ça, mais peut-être que cela choque encore à en juger par le peu de retours...
B
Bien pessimiste ton "J.C"....
J
Il est vrai que l'humour cruel de mon texte dérange un peu...J.C. est sans doute surmené, s'ennuie pendant la messe et il a faim. Il n'est pas non plus très au point sur la Géante Rouge, mais là, c'est le fait de son auteur! Tu as raison, Pivoine, on pourrait lui inventer une filiation avec le professeur Tournesol. Bref, on ne fait pas de littérature (le mot est fort!) qu'avec de bons sentiments...
P
Ton texte m'a fait penser à la bd de Tintin, "L'étoile mystérieuse"............... <br /> <br /> Mais c'est vraiment étonnant! Et un brin politiquement incorrect, c'est ce qui fait le charme particulier de ce texte...
C
Etrange comme texte...c'est de la science-fiction dans l'esprit (dérangé?) de Jean-Claude...<br /> Le texte monte dans sa tension<br /> Puis d'un seul coup on se trouve dans le platement réel...il est attendu chez sa maman...<br /> Bien vu...
Publicité