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Paroles Plurielles
13 mars 2008

Acte II, scène 5 (Vertumne)

                            ORONTE

            s'adressant à ses valets, au loin

Pour quelques jours encore ma femme est en voyage
Veillez à assurer les bons soins du ménage.
Quant à moi je m'éloigne et serai de retour
Dans une petite heure, avant la fin du jour.

                            entrant

Mais comment… vous ici ? Et dans quelle tenue ?
Vous entrez en secret, et presque à demi nue,
Cependant que j'instruis les gens de ma maison
Je vous trouve en guêpière au milieu du salon ?
Ne vous ai-je point…

                            ELISE

                                    Oui, vous m'aviez avertie !
Or chez moi je suis seule, et dors sans compagnie,
Je me languis de vous, mais vous m'abandonnez,
Où donc est cet amour que vous me promettez ?
Votre épouse est absente, et vous avez l'aubaine
De vous hâter chez moi, de me prendre sans peine…

                            ORONTE

J'allais venir à vous…

                            ELISE

                                    Baisez-moi !

                            ORONTE

                                                            Taisez-vous !
On pourrait vous entendre, et craignez mon courroux.
J'avoue sans détour les ardeurs de ma flamme
Mais j'attends le moment pour parler à ma femme.
Rentrez par le jardin, évitez qu'on vous voie
Je passerai plus tard me fondre en votre émoi.

                            ELISE

Je vous attendrai donc. Puis-je être rassurée ?
De grâce, vous viendrez ?

                            ORONTE

                                        Oui, à la nuit tombée.
Mais ici évitez de tels débordements,
Recouvrez-vous, ma mie, de tous vos vêtements,
Oubliez vos froufrous, cachez vos fanfreluches,
Bannissons tout signal qui serait une embûche.
Je veux que du divorce on fête le succès.
Sachez que c'est ainsi que l'on perd un procès.

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Commentaires
D
J'aimerais bien recevoir les autres scènes...<br /> Joli travail ! <br /> Diaphane l'incomprise ;-)
P
Oh, je trouve ça vraiment tout, tout bon. Pour quelqu'un qui aime Molière, c'est un pur régal... (Et j'aime Molière!)
J
J'adore "J'allais venir à vous.../Baisez moi.../Taisez vous!" Au mileu du texte, cela résume tout.C'est sûr que du Molière comme cela susciterait plus d'enthousiasme dans les populations lycéennes.
J
Superbe!!!
V
Ravi que ça vous plaise ! Merci ! J'y ai pris un "pied" gigantesque, à cette rédaction…<br /> Comment je fais, Aubade ? Je sais pas trop… J'ai toujours été séduit par l'alexandrin, je trouve que c'est le plus beau rythme de la prosodie française. Par ailleurs, j'aime bien la rigueur qu'imposent les consignes de Coumarine. Dans le cas présent, je voulais absolument rompre avec un (trop) "simple" texte narratif, comme je ne souhaitais pas utiliser le monologue, intérieur ou non. Donc, dialogue. Et là j'ai pensé à une scène théâtrale, rimée qui plus est. Et la référence à Molière s'imposait. Mercredi matin, au réveil, je me suis subitement mis au boulot, et je n'ai plus lâché jusqu'à midi. <br /> Maintenant, comment je fais… ce que je peux dire c'est que l'appétit vient en mangeant: dès qu'on tient le fil, ça vient presque tout seul, je place les vers important (comme p.e. le dernier) et je brode autour, en m'imposant l'alternance des rimes masculines et féminines, je reprends, je compte les 12 pieds, je me trompe, je corrige, je change, j'essaie. C'est un véritable plaisir. Essaie !
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