Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Paroles Plurielles
14 mars 2008

20. Variations (Mifa)

    Elle est belle, ô mortels, comme un rêve de plastique, symphonie sans musique, plan fixe, pause. Elle pose dans la vitrine suspendue au soleil de néon sans crème de bronzage, jamais n'avance un mot plus haut que l'autre et même un peu plus bas que les passants qui passent, longeant son reposoir sans pensée ni soupir. Son invisible cœur, bat-il ? Neige et cygne hantent-ils sa blancheur ? Répugne-t-elle au mouvement qui déplace les lignes, pleure-t-elle au coucher du néon ou  rit-elle au plaisir de sa nuit solitaire ?

   Belle, pourtant, dans sa posture inutile, sa main levée que jamais lèvre ne baisera, se consumera-t-elle dans le vide austère qui l'habite, fier monument, monnaie de singe, ou  triomphera-t-elle, sans le plus discret frisson, d'un unique regard fixe et éternel ?

   Qu'elle ose, qu'elle ose seulement fasciner un poète, un brigand, un sournois ou un effronté – ces timides amants casseront la vitrine : " Ô douleur, ô douleur… Elle regardait au loin avec ses yeux de marbre " gémiront-ils pour leur défense. Hélas, c'est comme ça qu'on perd un procès !


(deux mille pardons à C.B.)

Publicité
Commentaires
J
Bien belle contemplation!
V
J'aime bien cette mélancolique douceur…
V
C'est un texte magnifique, tout en finesse et en beauté. Un régal à lire. Merci.
Publicité