18. Tant d'amour à partager. (Kaliuccia)
Je ne me souviens pas que tu me l’aies dit mais j’entend encore ces « je t’aime » qui ont bercé mon enfance. Ni que tu m’aies serrée contre toi et pourtant je me sens encore bercée dans tes bras.
J’ai le souvenir de ton baiser tendre et chaud que j’emportais dans mon sommeil mais j’ignore si j’ai créé celui de ta voix douce fredonnant des airs enfantins.
J’ai ancré en moi ton regard anxieux lorsque tu posais une main fraîche sur mon front brûlant. Tu venais d’un temps où la fièvre emportait les êtres aimés, je le savais. Et moi je voulais retenir cette fièvre et que durent ces instants où tu n’étais qu’à moi.
J’ai grandi dans ton amour et il était si fort que les mots n’étaient pas nécessaires, tout en toi me le chantait. Ta main qui essuyait mes larmes lorsque mes chagrins d’enfant étaient trop gros, ta main qui préparait mon gâteau d’anniversaire, ta main que tu passais dans mes longs cheveux avant que je ne parte à l’école, ta main qui tenait la mienne lorsque nous marchions dans la rue.
Tout cet amour que tu ne m’as pas dit, il m’a portée. Un amour muet qui m’a aidée à traverser bien des épreuves, à aimer la vie, à donner l’amour comme j’ai reçu le tien.
Beaucoup te pensent fragile mais moi je te sais forte. Il te fallait l’être pour vivre ce que tu as vécu et rester debout, toujours. Pour survivre aux souffrances de tes enfants. Tu m’as protégée à ta façon mais je ne l’ai pas toujours compris. Si je t’ai idolâtrée toutes ces années, au moins aujourd’hui es tu redevenue humaine, je sais tes erreurs, celles que je ne commettrais pas.
Si je devais dire mon plus beau souvenir d’enfant, je répondrais « l’amour de ma mère. Il était partout, dans chacun de ses gestes ».
Me voici mère à mon tour. Et pour la première fois, tu as dit m’aimer. Comme il était doux de l’entendre. Tu as dit m’aimer et tu m’as prise dans tes bras. Comme il était doux de te sentir.
Aujourd’hui, lorsque je dis à mes enfants combien je les aime, je lis dans leur regard ce que tu as du voir dans le mien, il y a bien des années. Alors je ferme les yeux ta voix s’enroule à la mienne, j’ai à nouveau dix ans, tu me prends dans tes bras et tu me dis « je t’aime ».
Merci d’avoir été cette maman.
Je t’aime.