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Paroles Plurielles
6 mai 2008

19. Eloge de la Terre (Godnat)

Chers Hommes,

Cela fait longtemps que je ne me suis pas manifesté, je voulais vous laisser tranquilles, la bride sur le cou, libres de faire le monde. Je suis donc parti l’esprit tranquille, dans un autre univers, visiter les mondes de mes frères et sœurs, de mes amis. Moi, j’étais fier de ce que j’avais créé, j’étais si sûr de moi, de vous.

Las, quelle erreur ! Qu’avez-vous fait ?

Je vous l’avais laissée si belle et luxuriante, gorgée de douceurs et de présents, peuplée d’êtres magnifiques et parfois étranges, de formes, couleurs et personnalités variées. Un cadeau inouï, le plus beau de tous les temps.

En si peu de temps, vous l’avez salie, flétrie, gâchée. Si abimée que j’ai peur de ne pouvoir la guérir, j’en pleure des larmes de sang, mon sang que je vous ai donné.

Elle-même ma belle création essaye de se révolter parfois de vos infamies, elle fait le dos rond, elle frémit, elle pleure des torrents de larmes et hurle de sa voix rauque, en vain.

Vous continuez de l’abreuver de vos injures, de vos ordures, de vos parjures.

Vous êtes devenus si vils ! Entre vous-mêmes vous vous déchirez, vous assassinez, vous martyrisez. Vous écrasez vos frères, vos enfants, vous êtes capable du pire. Vous ne savez même pas tirer parti de vos différences alors que je vous avais tout donné.

Pensez-vous être les maîtres, les rois ? N’avez-vous donc rien appris, compris ?

C’est elle la reine, elle et tous ses enfants, animés et inanimés, qu’il faut aimer, choyer, sauvegarder. Sans elle vous ne serez rien, plus rien.

Vous avez cru être chassé de mon jardin, alors qu’en fait je vous ai donné le paradis, une terre immense et sublime où tous les bonheurs étaient possibles.

Que vais-je faire de vous ? Dois-je renouveler le déluge ? A quoi bon.

Vous n’écoutez plus rien. Au point que je doive en écrire cette lettre, multipliée comme autrefois des pains, en milliards d’exemplaires. Et sans doute la jetterez-vous comme tout le reste, sans même un regard.

Je vous aimais, je n’aime plus qu’elle, si lumineuse et riche. Je vais simplement attendre que vous disparaissiez de vous-même. Après, je panserai ses blessures, avec mon amour, infini.

DIEU

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