Ombres (Mimik)
Ce
matin pour la première fois depuis longtemps, le soleil s’est invité
dans mon cœur. Depuis ma fenêtre, j’ai vu sur le mur d’en face des
ombres qui n’étaient pas inquiétantes; elles me paraissaient même
attirantes dans leur farandole comme de joyeux fantômes faisant
tournoyer leurs boulets; ces ombres me faisaient signe, et j’ai senti
leur invitation à me joindre à elles, à balancer moi aussi mes chaînes
et boulets...
- Ne lâche pas ton lest, me dit une voix grinçante, ça te donne un poids et une épaisseur rassurantes, ça t’ancre au sol, ça te maintient dans la réalité…
- Oui mais ça te plombe, répondirent les ombres, allez, sors de ta prison, viens donc danser avec nous !
Le
soleil fit un clin d’œil et disparut derrière un nuage ; les ombres
s’effacèrent, le mur redevint gris… « A bientôt ! » me surpris-je à
murmurer…
Je sortis de mon appartement et me dirigeai vers la bouche
de métro pour me mêler à toutes ces tristes ombres muettes se rendant à
leur travail, puis je fis demi-tour et partis flâner sur les quais.