Demain matin? (Ilescook)
Sa chambre est là… au 3e étage.
Sa chambre ? Oui, elle est encore un peu à elle, cette chambre. Elle, elle n’est plus de ce monde. Car ce monde, elle l’a quitté, là, dans cette chambre du 3e étage.
Au gaz. Elle s’est suicidée au gaz. Grand ouvert, le robinet. Grand ouvert pour qu’elle le respire à grand poumons. Cet air qui pour elle était l’air de la liberté.
La liberté ? Vous vous foutez du monde à la clamer cette liberté ! Liberté de quoi ? De se faire bafouer, violer, au fond d’une cave et que tout le monde trouve cela normal ?
Sa chambre est là au 3e étage. Elle a cru à la liberté. Elle a cru en ces discours républicains. Elle a même renié sa religion, ses parents, toutes les choses qu’on lui avait apprises. Elle y a cru à vos beaux discours d’accueil, d’intégration, d’avenir, de paix, d’égalité, de fraternité. D’études aussi. Elles les a suivies ses études, sérieusement. Relever le défi. Aller plus haut.
Et puis la réalité est là. Ils l’ont coincée au fond de la cave. Ils ont abusé d’elle. L’un après l’autre. Pour lui faire comprendre. Comprendre quoi ? Que ce sont les hommes qui dirigent toujours ?
Elle a retenu leurs têtes, gravées au fond de son âme. Tous. Depuis les minables propagateurs de drogue aux encore plus minables propagateurs de haine.
Elle ne les oubliera pas. Elle les emmène dans l’au-delà.
Demain matin, au 3e étage, l’odeur du gaz sortira de sa porte.. alertant les voisins, les responsables de cette cage à lapin, les forces de police.
Quand ils ouvriront la porte, ce sera trop tard pour elle.
La liste qu’ils trouveront ira sans doute à la poubelle, quel crédit peut on donner à une petite beur d’à peine quinze ans ?
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