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Paroles Plurielles

22 juillet 2008

Merci et au revoir

Orval_021Voilà...

Ceux qui me lisent sur mon blog Petites Paroles Inutiles savent que je suis allée une semaine dans un lieu de silence...
Rien de mieux que le silence pour entendre ce qui se passe au fond de soi

Mon statut récent d'auteure (non je ne me prends pas la tête, croyez le!) m'oblige à faire des choix. (et qui dit choix, dit renoncement)

J'ai tenté, suite à de nombreuses demandes (parfois pathétiques ;-)) de revenir sur ces lieux que j'ai voulus de créativité et de convivialité. Nous avons passé trois années ensemble, certains sont là depuis le début, d'autres ont rejoint PP plus tard...

Je veux vous dire MERCI
- merci à ceux qui m'ont accompagnée dans la gestion de ce site, et qui l'ont fait avec enthousiasme et dans ce même souci d'accueil et de respect: Pati, Pivoine, Sammy, Vertumne, je vous embrasse fort...
- merci à ceux qui se sont proposé de m'aider dans la mesure de leurs moyens: Seb, Pandora, Oncle Dan (et il y a encore quelqu'un dont le pseudo m'échappe...) merci, je vous embrasse fort...
- merci à vous tous participants de la première ou dernière heure... c'est vous tous qui avez fait de ce blog ce qu'il a été. Je ne vous oublie pas...je lis régulièrement beaucoup d'entre vous...

Je vous dis aussi AU REVOIR

Pensez à sauvegarder vos textes...je laisserai le site accessible au tout venant...
A ce tout venant, je demande de RESPECTER les textes publiés ici. De ne pas vous les approprier. JE VOUS FAIS UNE TOTALE CONFIANCE A CE NIVEAU. Je préfère être naïve que méfiante

Bonne route sur le chemin de l'écriture que je suis consciente d'avoir ouvert pour pas mal d'entre vous...
Si vous aimez écrire (et sans doue est-ce le cas, sinon vous ne seriez pas ici...) CONTINUEZ
L'écriture si elle est bonheur...est aussi travail, les gammes sont à faire régulièrement

Il y a des endroits ou vous serez accueillis (certains d'entre vous y sont d'ailleurs déjà, et cela me réchauffe le coeur...)
Kaléïdoplumes, géré par une admin pleine d'idées et de ressources, c'est un forum où chacun se sent chez soi...

Impromptus littéraires...idem même chose...

Le défi du samedi...idem...

Les liens de ces ateliers ont été mis dans les commentaires de l'entrée où j'annonce la fermeture de PP (suis un peu paresseuse, pour tout remettre)
Si vous connaissez des lieux de ce type (créativité + convivialité...) n'hésitez pas à les mentionner

Au revoir à tous et à chacun...
Je vous embrasse tous très très fort, dans l'émotion
Coumarine


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10 juillet 2008

Les vendanges poétiques de la Causeuse

APPEL URGENT

je me fais le relais de la Cause des Causeuses...ce serait gentil de donner suite...

J'aimerais que tu redemandes aux VENDANGEURS de PAROLES PLURIELLES de prendre contact par mail avec nous , car nos VENDANGES auront lieu à GRIGNY dans le RHÔNE les 15 et 16 NOVEMBRE lors du Salon Annuel organisé par nos amis de PANDORA.
Afin d 'étoffer l'exposition, nous avons besoin de savoir comment les Vendangeurs de PP veulent illustrer ( Art Postal )ou faire illustrer leurs textes. MERCI DE FAIRE LE RELAIS encore une fois ! Je vais reprendre la mise en ligne des TEXTES envoyés dans les semaines qui viennent et ils continueront à être archivés dans l'Album. Bises

 

La cause des causeuses

9 juillet 2008

Consigne 72

Je suis perplexe

Apparemment vous appréciez que vos textes soient publiés sur ce blog... J'ai reçu beaucoup de mails me demandant si la fermeture était définitive...

Je voudrais pouvoir vous dire que non...mais je ne peux plus y consacrer le temps qu'il faudrait pour le faire convenablement: ce n'est pas tant publier vos textes qui me pose problème (quoique cela demande parfois des courriels parce que l'envoi n'a pas été fait comme le précise le mode d'emploi)
Mais lire et commenter vos textes comme vous le souhaitez tous, je ne peux plus le faire.

Or c'est à partir du moment où par la force des choses, j'ai cessé de commenter régulièrement TOUS les textes, que la participation à PP a baissé
Vous aimez tous (et c'est normal) recevoir un petit mot d'appréciation et d'encouragement

Alors voilà je me trouve devant un cas de conscience
Que faire?

Je vous pose ici deux questions:

1)Oncledan a ouvert un blog pour y mettre (entre autres) les participations à PP. C'est une idée qu'il a eue sans aucun doute pour vous et me rendre service....
Qu'en pensez-vous? Cela vous satisfait-il? Etes-vous prêts à lui envoyer vos textes écrits au départ de la consigne que je me propose de continuer à vous proposer tous les 15 jours? Si oui (et pourquoi pas?) PP continuera avec les consignes ici, les textes sur vos blogs ou sur ce blog de Oncledan

2) Si je reprends en septembre la publication ICI de vos textes, êtes-vous prêts à nous prêter main forte en tant qu'administrateur?
Cela suppose de prendre en charge une consigne, (je me garde le droit et le plaisir de les donner!), càd de recevoir les textes, de les publier, d'assurer les courriels, de commenter sans faute TOUS les textes.. (et pas simplement écrire c'est super! magnifique texte etc....
Je crois que Vertumne serait prêt à continuer
Sammy, je ne sais pas
Et pour Paty, ce n'est plus possible

Ce n'est pas suffisant: il me faudrait deux personnes MOTIVEES en plus!

De toutes façons, ce ne serait pas avant Septembre...je vais pas mal partir cet été ce qui veut dire que cela vous laisse le temps de la réflexion...

Je vous laisse une consigne qui sera donc la 72

Une photo de moi (Coumarine)
Et l'incipit suivant:

On y pensait depuis longtemps

statuette


28 juin 2008

Consigne 71

L'assassin revient toujours sur les lieux de son crime...
J'ai de la peine de voir ce lieu fermé à la créativité
Beaucoup d'entre vous le regrettent aussi

Dans un moment d'insomnie j'ai eu une idée...je vous la propose, vous la prenez au vol
ou pas...

Je vous propose une photo, ainsi qu'une phrase d'incipit

Et...vous écrivez à partir de là...

Vous mettez votre texte sur votre blog (sans limites de signes...mais je vous assure que apprendre dans un premier temps à écrire COURT est un exercice d'écriture par lequel il est important de passer...grâce auquel on apprend beaucoup, même si c'est frustrant de se lmimiter

Veillez simplement à rendre à César ce qui appartient à César , en l'occurrence, de mentionner l'auteur de la photo...

Je ne publierai aucun texte ici... dans ce sens Paroles pLurielles reste "fermé". Mais si vous voulez, vous signalez dans un commentaire ici, la participation que vous avez publiée sur votre blog.

Pour ceux qui n'ont pas de blog, ben...vous pouvez en créer un, non?

Ou pas.

Voici donc la photo, qui est de Françoise
empruntée au site collectif "en vert et contre tout"

L'incipit: "Pendant sept jours et sept nuits, elle (ou il) veilla"

parapluies_Fran_oise

4 juin 2008

Ce n'est qu'un au revoir, mes frères et soeurs

Bonsoir à tous

 

C'est un petit mot un peu particulier que je vous écris ce soir...
Un petit mot d'adieu.

Paroles Plurielles a fait son temps, en bon et loyal blog qu'il a tenté d'être...
au fil des 70 consignes que je vous ai proposées fidèlement durant ses trois années (bientôt) d'existence.
au fil des textes tous plus créatifs les uns que les autres que vous avez écrits à partir de ces consignes
au fil des commentaires donnés par l'équipe et par moi-même sur chaque texte publié. (ou presque)

Aujourd'hui, avec un petit (un gros) serrement de cœur,  je vous annonce la fermeture de Paroles Plurielles.

Vous le savez, j'ai entamé une "activité" d'auteure (disons cela comme ça). Non! je ne me prends pas au sérieux, rassurez-vous, mais simplement il se fait que tout cela me prend du temps à l'extérieur du Net. Beaucoup de temps... je suis dès lors obligée de faire des choix, de trier mes activités.

Et de me réserver du temps à l'écriture aussi.

J'ai été entourée d'une équipe d'admin qui m'ont aidée à prendre le relais.
Pati, Sammy, Vertumne (et Pivoine il y a un an) vous avez été là, bien présents à mes côtés.Sans vous, le blog aurait fermé depuis un an au moins.

Quand à vous participants de tous bords et de tous pays...je vous dis merci!

merci d'être monté avec autant d'enthousiasme dans le train des mots qui me sont si précieux

Vous avez été nombreux parfois à participer aux consignes...plus de 50 par moments

Souvenez-vous, on a vécu des instants extraordinaires; quand le photographe Gilbert Garcin nous a contactés pour mettre des textes sur son site...

D'autres encore...Je ne retiens que les moments ensoleillés des Paroles Plurielles

Il y a sur le Net d'autres ateliers d'écriture...vous n'aurez aucune difficulté à les trouver, trouver en tous cas ceux dans lesquels VOUS vous sentirez à l'aise...

Je vous dis au revoir et bonne route à tous...

On se retrouvera sur nos blogs respectifs, s'il plait à Dieu et selon la formule consacrée.

Je vous embrasse

Coumarine

N.B. Je laisse le site ouvert et accessible à tous...il y a de belles choses à savourer ici si on prend la peine de fouiller. Il est bien entendu que les textes appartiennent à leurs auteurs.

 

 

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3 juin 2008

34. Mauvaise anticipation (Vertumne)

Je sors du garage avec une épouvantable migraine. Elle, à l'autre bout de la ville, elle enfonce la vitrine d'une pharmacie avec son 4x4. Dans une heure, on doit se rencontrer au parc pour…
À nouveau, le bouquin lui tomba des mains, mais définitivement cette fois-ci. « Décidément, il s'écrit n'importe quoi » pensa-t-il, en se mettant à regretter son achat. Bon, il devait quand même admettre que ce n'était pas le livre, qu'il avait choisi en priorité – Huile de vendange, d'Ursule Trianon –, mais plutôt les trois jolies petites poupées délivrées en supplément avec le bouquin. Ce serait parfait pour ses nièces, il ne savait jamais quoi leur offrir quand il allait rendre visite à sa sœur…

Effet pervers du crépuscule de la littérature. Peu à peu, les librairies avaient disparu les unes après les autres, le livre avait totalement déserté les écrans de télévision, le critique était un genre en perdition puisqu'il n'avait pratiquement plus rien de solide à critiquer, les rares livres qui paraissaient encore se trouvaient prisonniers de leur emballage plastique, s'empilant à l'étalage de quelque épicerie ou quincaillerie, on ne prenait plus la peine de rédiger une quatrième de couverture, aussi ne savait pas vraiment ce qu'on allait lire, on encourageait leur achat en l'accompagnant d'un jouet, d'une pièce d'outillage, d'un appareil électro-ménager (à moins que ce ne fût l'inverse: offrir un livre – ou ce qui en faisait encore office… – à l'achat d'un ustensile de cuisine ou d'un accessoire de camping). De leur côté, et pour préserver leurs trésors, les bibliothèques ne prêtaient plus les ouvrages qu'elles conservaient précieusement, n'en autorisant la lecture que dans des locaux blindés et truffés de caméras.

Huile de vendange… Le titre, pour curieux qu'il était, lui avait plu. Bon, il s'était trompé, il n'allait pas en faire toute une histoire. De toute façon, il n'aurait pas pris J'ai retrouvé le temps perdu, de Raymond Croust, il était offert avec une cafetière italienne, et il en avait déjà trois à la maison…

3 juin 2008

33. D'où vient ce mal de tête ? (Martine27)

Je sors du garage avec une épouvantable migraine. Elle vient de me prendre comme ça à l'approche de la maison. Je réussis tant bien que mal à m'extraire de la voiture. Bon sang que ç'est douloureux.

Tout-à-coup, un horrible soupçon me prend. Il est tôt, je rentre plus tôt que d'habitude. Il faut que j'en aie le cœur net. J'arrive à glisser ma clef dans la porte sans faire trop de bruit. Plus ou moins à tâtons, tellement ma tête me lance, je me dirige vers l'escalier et je monte.

Un rire dans mon bureau. C'est bien ça ! J'ai trouvé la source de ma douleur. Je glisse ma main dans mon sac et en sors trois accessoires. J'ouvre la porte à la volée, le bruit se répercute dans ma pauvre tête. Mes enfants me dévisagent pris de panique.

Je brandis les deux poupées à leur effigie et commence à leur mettre des coups sur les fesses avec la petite badine qui ne quitte jamais mon sac. Ils se mettent à pleurer, ils lâchent ma poupée qui s'orne d'une superbe aiguille au milieu du front. Je m'en empare en extirpe la pointe et aussitôt mon mal de tête disparaît.

"Filez dans vos chambres et que je ne vous entende plus de toute la soirée".

Reniflant après la volée qu'ils viennent de prendre, mes deux petits sorciers filent à toute vitesse. Dès qu'ils sont partis je ne peux m'empêcher de rire, petits galapiats d'amour va ! Voilà deux envoûteurs qui promettent pour l'avenir. Quant à moi, j'ai intérêt à mieux planquer ma poupée vaudou personnelle si je ne veux pas qu'ils soient tentés de recommencer.

2 juin 2008

32. À dada (Malo)


Je sors du garage avec une épouvantable migraine, une fois de plus je n’ai pas vu la poutre. C’est la 3eme fois cette semaine. D’habitude je m’en tire avec une bosse mais là j’ai appuyé trop fort sur la pédale de l’enthousiasme et vlan ! Plus de son plus d’image.....et un mal de crane à vous couper l’élan, moi la rapide.
Faut dire que j’avais enfin un rendez vous....après des mois sur ce site de rencontre le pseudo Caballo à enfourché mon dada et nous étions convenus de nous rencontrer au champ de courses, près des bookmakers. Il m’avait dit : vous me reconnaitrez gràce à mes semelles compensées, je ne suis pas très grand. J’ai failli dire une ânerie du genre “ça tombe bien le champs de courses, êtes vous jokey ?” mais je me suis retenue à temps et les âneries n’ont pas leur place chez les chevaux !!! Bon. Du coup avec ma migraine de bourin j’avais plus la rage de la rencontre, je me sentais toute petite, toute fragile et c’eut été trop tôt que d’y aller pour se faire consoler....je m’imaginais nichée sur ses genoux et reniflant sur son épaule. Avouez que pour une première rencontre c’est un peu cavalier. Alors la migraine a fait place à la déprime. Pour une fois que j’en tenais un, un qui n’avait pas hénni en lisant ma description. Un qui me donnait ma chance et qui voulait partager sa litière et sa mangeoire avec une brèle comme moi. Ma vie allait elle continuer sans saisir cette chance ?
Je me suis ébrouée, ai ravalé mes larmes, me suis secouée la crinière et ai galopé jusqu’au lieu du rendez vous. C’est drôle, lui ne m’a pas demandé comment me reconnaître. Mais du haut de mes 2m20 je l’ai vu......et il m’a vu et il a souri. Ouf..........j’avais pris mon fer à cheval porte bonheur dans mon sac !

2 juin 2008

31. Vive la créativité ( Alauda )

"Je sors du garage avec une épouvantable migraine..."
Depuis quelques mois, j'avais bien remarqué l' attitude de plus en plus bizarre de ma grande sœur. En même temps, elle a toujours été un peu spéciale, la frangine, un peu glauque. Enfin moi je la trouve "glauque", mais comme j'ai que 9 ans et que je suis un garçon, peut-être que je comprends pas tout.
Elle, elle dit : "Gothique", en pinçant ses lèvres noires percées de cinq épingles en or. Alors bon, gothique ou glauque, moi, je m'en fous, mais là, après ce que j' ai trouvé dans la caisse planquée au fond du garage, je flippe un peu.
On pourrait me dire qu'il n'y a pas de quoi faire tant d'histoires pour  trois poupées fabriquées maison, pas spécialement belles. C'est vrai, on peut faire nettement plus réussi dans le genre créatif.

Ouais, sauf que ces trois types, moi, je les reconnais et il se trouve que c'est tous des ex de Miranda. ( Elle s'appelle Virginie, mais interdiction absolue de l'appeler comme ça. Elle, c'est Miranda, point barre.)
OK, pas question de la mettre en rogne pour si peu  mais là, ce qui me dérange  au point de me coller cette foutue migraine, c'est que sur les trois gars des poupées, y'en a deux qui sont morts dans un accident en moins de trois mois.
Et qu' elle a rompu avec le troisième, il y a tout juste une semaine.
J' ai comme un sale pressentiment, comme dirait l'autre planqué dans sa série télé.


 

1 juin 2008

30. Dilemme (Cassandrali)

Je sors du garage avec une épouvantable migraine.  Ça fait des jours & des jours qu’elle me torture. Rien y fait.
Je ne supporte plus cette voix à l’origine de tous mes maux, qui me dit ce que je dois ou ne dois pas faire.
Il faut que ça s’arrête ! Elle est là, du soir au matin. Je suis sous son emprise, prisonnier. Mes moindres réactions sont contrôlées. Un débordement & la sanction tombe : une impulsion électrique plus ou moins forte, envoyée directement au cerveau. Vous ne résistez pas longtemps au supplice.
Ils avaient dit que cette puce changerait notre vie, que notre monde serait meilleur. Plus de guerres, plus de misères, plus de malheurs… Un monde parfait comme avenir nous promettaient-ils !
Ils avaient commencé leur expérience sur des volontaires puis très rapidement, le consortium des Sages avait décidé de l’implanter sur tous les nouveau-nés.
C’était il y a trente ans.
Je m’appelle Paul, je suis marié, j’ai un enfant. J’ai connu le monde d’avant, pas eux. Il n’avait rien avoir avec tout cela. Ici, même les bébés ne pleurent plus, ne crient plus !
Le consortium des Sages dirige le monde, mais dans tout pouvoir totalitaire il y a une résistance qui s’organise. Dans tout pouvoir absolu, il y a des rebelles qui refusent de se soumettre.
J’ai rencontré certain de ces insoumis. Des hommes, des femmes à la gueule cassée qui vivent en marge de la société. Ils sont traqués par les brigades noires, d’impitoyables humains faits de cerveau d’électronique.
Ils m’ont appris à maîtriser, leurrer le système quelques instants, me permettant ainsi de réfléchir sans surveillance, mais c’est épuisant…
Depuis cette rencontre, je rêve de retrouver ma vie d’avant, sans oser franchir le cap… Mais je dois prendre ma décision. Ils m’ont laissé un mois & l’échéance est demain.
J’hésite.
J’ai peur.
Surtout pour les miens…
S’ils ne me suivent pas, ils seront arrêtés, questionnés ou pire encore.
Mais accepteront-ils le sacrifice de se faire trépaner afin de vivre & de penser librement… Plus tard ?

1 juin 2008

29. Nuit blanche (imago)

« Je sors du garage avec une épouvantable migraine ce matin là. Il faut dire que je manquais de sommeil. J’étais rentré tard. Ou plus exactement tôt. Dans le sous-sol où chacun a sa place de parking – moi, j’ai une audi -, j’avais croisé Herbert, l’infirmier qui travaille aux urgences et qui prend son travail à 6 heures du matin. J’ai eu l’impression qu’il me regardait de travers. Enfin bref. Je monte à mon appartement et je file sous la douche. Ça me réveille un peu. On avait passé une nuit du tonnerre avec Francis et Marc. A déconner toute la nuit en jouant à la play station et à se raconter des histoires. Marc était complètement jeté. Il ne tient pas l’alcool. Moi ça va. J’encaisse bien et puis, j’ai l’habitude. Pour tenir le coup, sur les trois heures du matin, on a mélangé le whisky avec du red bull. Je peux vous dire : ça décoiffe. Surtout que le petit pétard, hein, ça aide … enfin, c’est juste pour la consommation personnelle, n’allez pas croire que...

Bon, avec tout ça, il était déjà 8 heures. Je me fais un café bien serré, je prends une clope et puis, bon, je peux bien le dire, un petit remontant. Vous savez, ces trucs qu’on nous propose dans les boîtes, même qu’on les trouve sur internet... mais ça ne peut pas faire de mal, ce sont des médicaments. D’ailleurs, je me suis tout de suite senti mieux et je suis parti au boulot.

Donc, je sors du garage avec une épouvantable migraine, mais je me sentais en pleine forme. Quasi euphorique.  Je prends ma voiture, la sors du sous-sol. Il faisait un temps magnifique. J’avais envie de siffloter. Je tourne aussitôt pour prendre le boulevard et là, soudain, je vois comme une ombre qui passe devant moi. Alors, je donne un violent coup de volant à droite et ….

— Et vous ne voyez pas les trois petites filles qui attendent sur le trottoir pour traverser…

— Non, Monsieur le juge, ces trois petites poupées-là, je ne les ai pas vues. »

31 mai 2008

28. Où ai-je la tête ? (Jujube)

Je sors du garage avec une épouvantable migraine… J’ai bien cherché dans la voiture, sous la voiture, autour de la voiture, en vain. Je vais passer pour une mère indigne qui se moque des cadeaux si ingénument élaborés par son fils aimant.
Mais qu’est-ce que j’en ai fait ? Où l’ai-je laissé tombé ?
Pas mon fils, son cadeau.
IL me l’a donné avec tant de fierté  à la fête de l’école! « Papa en tenue de bateau, Maman dans son tailleur rose, et Mamie en robe noire». Certes, il fallait s’accommoder de ces portraits rudimentaires, mais Mamie dans cette terrible tenue de veuve comme il faut, ce n’était pas si raté que ça. Et  Jean en matelot d’opérette, non plus. Il le voit partir et revenir si souvent sur son voilier qui l’isole dans son intemporelle jeunesse. Et moi, la femme libre, qui cours  partout sur ses talons, en tailleur de tweed bon genre, pour faire visiter des appartements.
Pas d’erreur, c’est la famille.
Mais qu’est-ce que j’en ai fait ? J’ai dû l’oublier en route…
Pas la famille, le cadeau.
Je m’embrouille, j’ai mal à la tête.
Il nous avait rassemblés avec ses talents de sept ans.
L’âge de sagesse.

31 mai 2008

27. Ce qui arrive quand on n'aime pas les nems et qu'on en mange quand même (seb Arjo)

Je sors du garage avec une épouvantable migraine et comme je suis anti antianxiolitiques, j'en ai pour un bon moment. Je vais rester tendu comme les fils à linge de ma grand-mère qu'habite derrière le garde-barrière ! Et s'il n'y avait que ça...
 
C'est ce sacré restaurant vietnamien. Sa boustifaille nuit gravement, même de jour ! Elle m'a refilé la céphalée mais en plus j'ai l'estomac complètement ballonné, retourné  dans tous les sens. On dirait un palyndrome, voyez un peu le drôle de syndrome ! C'est normal, quand au lieu de mâcher sa nourriture, on l'avale... Nauséeux, diarrhéique, j'ai la flore intestinale qui en perd ses pistils ! Mes rouges braies plutôt lâches me compressent, les lâches.
 
Plutôt que de retrouver Pierre et Paul, des amis horticoles rencontrés sur un marché de noël, j'aurais mieux fait de rester chez moi et me faire un bon oeuf à la coque accompagné de ses mouillettes beurrées à la fleur de sel. Ce petit air de flûte enchantée, vous savez... Tout ça c'est à cause de ces nems qui baignaient dans une huile de type pétrolifère. Ça passe pas, ça m'encrasse les tuyaux. Et P. et P; qui me poussaient à en reprendre « Canton nem, on ne compte pas » qu'ils disaient !
 
Enfin, puisque je n'arriverai ni à me détendre ni même à somnoler, autant que je me remette au travail. Je vais finir de bricoler ces trois poupées (ni de cire ni de chiffon). Non moi, je les construis avec de la ficelle et du papier, elles sont jolies hein mes mignonnettes ? Allez au boulot car le temps file et les saisons passent, je ne peux même pas m'imaginer que l'automne vient d'arriver, hier encore je voyais des vols d'hirondelles... Mais je me laisse emporter par une foule de... alors que j'ai une grosse livraison pour noël moi !
Et comme ça approche, je crois que ça va être hot(te)...!

30 mai 2008

26. Migraine et fils de laine (Lisounette)

Je sors du garage avec une épouvantable migraine et trois petites poupées. Remarquez, j’y étais entré avec une épouvantable migraine, et trois petites poupées. C’est le jour des poupées, on peut pas y couper.

Chaque famille a ses petites histoires, ses petits rituels ; nos poupées ce sont un peu nos totems. Elles trônent en permanence sur le buffet, dans la maison-boîte-à-chaussures que Lulu a redécoré récemment. Un peu chargée la déco, colorée à souhait, à vous donner des migraines comme celle d’aujourd’hui rien qu’en ouvrant les yeux. Pauvres poupées.

Cette année Jane portera une robe rose et blanche, je n’avais de tissu à fleurs, dommage, mais elle a un gilet jaune, comme celui que sa sœur lui a offert à Noël. Pour moi, j’ai eu des instructions très précises : « Papa, tu fais ta chemise bleue, parce qu’elle est belle ! Et tu coupes les cheveux ! » … Cette petite fait tout pour me rappeler ma calvitie naissante.

« Pas PETITE, papa ! » me dirait-elle. D’ailleurs je lui ai fait une longue jupe, elle a l’air aussi grande que nous maintenant. Je lui dirai que c’est sa jupe de sorcière, celle qu’elle ne quitte plus depuis halloween, trop brillante, bien trop longue, mais qu’est-ce que vous voulez, l’amour ne s’explique pas.

Pas mécontent de moi cette année. J’entre dans la cuisine avec une épouvantable migraine et trois petites poupées.

30 mai 2008

25. Compression ( kloelle)

Je sors du garage avec une épouvantable migraine. Le ciel est gris, un gris souris qui pourrait donner à croire que nous sommes en fin de journée. Le gris est une couleur parfaite pour les fins de jour, pour les fins de vie aussi. Je retourne à la maison sans me presser, à pied, comme je suis venu. J’espère que j’ai laissé la fenêtre ouverte. C’est pas grand chose mais je vais avoir besoin d’un filet d’air, d’une évaporation des odeurs familières.


Le type du garage a été bien. Il m’a tout expliqué. Moi je ne l’ai même pas regardé, j’avais les yeux fixés sur la tôle écartelée. Vous comprenez, il m’a dit, les pompiers coupent la tôle pour désincarcérer plus rapidement. Il a continué à me donner des détails mais j’avoue que j’ai perdu le fil.
La réalité c’était cet amas rouge, froissé comme du papier, débité à l’emporte pièce. Il arrive que l’on se sente en sécurité à l’intérieur de ces boîtes en mouvement. On ne devrait pas. A force, je n’écoutais plus du tout le mécano, j’étais littéralement happé par l’acier contorsionné et cette manière de souffrance qui explosait silencieusement. J’ai signé les papiers consciencieusement, il m’a dit que j’avais une bonne assurance. C’est vrai je lui ai répondu, c’est une chance. Il faut croire que la fulgurance de certaines douleurs rend con ou éloigne du sentiment essentiel.
Le ciel est gris et j’ai ces trois petites poupées au creux de la main. C’était la semaine dernière, une sorte de festival ethnique ou tu m’avais traîné. Un gus vaguement déguisé genre aztèque a réussi à te vendre ça en te disant que tu allais avoir un garçon et deux filles. Tu m’as assuré que tu n’y croyais pas mais que tout de même l’idée te plaisait. J’ai dit que c’était nul. Maintenant je me dis que je n’aurais pas du, t’as toujours eu besoin que je cautionne tes petites croyances magiques et ça ne me coûtait rien de le faire.
Le garagiste a dit que c’est tout ce qu’il avait trouvé dans la boîte à gants. Je les serre précieusement maintenant, tes trois espoirs de vie d’une vie que tu n’as plus.

30 mai 2008

24. Migraine et perte de mémoire (Charlotte)

Je sors du garage avec une épouvantable migraine… Ma vieille 2CH y était bien garée hier soir. Ce matin, elle n’y est plus : disparue, envolée, volée. Jésus Marie Joseph, qu’ai-je fait au bon dieu pour mériter cela ? C’est que j’ai un rendez vous très important ce matin : un rendez vous qui m’attend à la minute près.

Déjà que la dernière fois, il était de très mauvais poils parce que j’avais 30 minutes de retard. J’ai eu beau invoquer les embouteillages, la panne, il ne m’a pas écoutée, ne m’a pas laissée entrer et m’a dit de revenir la prochaine fois. De plus, j’ai dû payer pour ce rendez vous manqué. Je n’en ai pas dormi de toute la nuit et le lendemain matin je me suis tapée un mal de tête qui m’a gardée au lit couchée toute la journée sans manger.

Il paraît qu’il n’y a pas de hasard, mais là, c’est quand même pas ma faute si on me vole ma bagnole pendant que je dors. Va falloir que je prévienne la police et l’autre, qui, je le pressens, ne me croira pas.

-Allo Docteur, ici Charlotte. Je vous téléphone pour vous dire que je ne viendrai pas au rendez vous ce matin, j’ai, une fois de plus, une migraine épouvantable…
-Taratata… je vous attends, Mademoiselle Charlotte, à l’heure convenue comme d’habitude.
-C’est que, Docteur, je n’ai plus de voiture, on m’a volé mes deux chevaux cette nuit.
-Taratata…Où est le problème ? Venez à pieds comme tout le monde et votre migraine disparaîtra.

Jésus Marie Joseph, qu’ai-je fait au bon dieu pour avoir un emmerdeur de toubib comme çà ?

J’ai quand même mis mon courage dans mes deux jambes, j’ai traversé la chaussée, j’ai pris la première à gauche et ensuite la troisième à droite et c’est là, dans sa rue, en bas de son immeuble que j’ai vu ma bonne vieille 2CH tranquille, bien sagement stationnée. La migraine m’en a quittée, toute contente et toute bête à la fois.

« Mais qu’est ce qu’elle foutait là ? »

Je ne sais toujours pas !


30 mai 2008

23. Kit (Flâneuse)

Je sors du garage avec une épouvantable migraine. Depuis combien de temps n’ai-je pas mis le nez dehors ? J’avais 20 ans lorsque le fils d’un ami de la famille cherchait un colocataire. Le monde extérieur me pétrifiait déjà, les gens parlaient trop haut me semblait-il, quand muré toujours, j’appelais le silence absolu. Aussi devais-je fuir le carcan familial si pesant tant mes parents ferraillaient. Il me fallait trouver un trou, hors de l’extérieur, un petit coin de rien, un bout de vide à occuper à temps plein, tout au loin. Peu importaient les autres pièces qui faisaient ensemble force histoires, donnaient ouvertement sur la rue, laquelle laissait continûment entrer ses hôtes. Le garage paraissait alors le bloc idéal pour un phobique social et cette disposition contentait bien mon colocataire. D’ailleurs plus tard, mon refus de déloger fera mienne toute la maison, inoccupée.

Informaticien au garage, je dépanne maintenant des particuliers, répare des ordinateurs à distance. L’outil virtuel m’ayant permis d’étudier dans une retraite plénière, me voilà désormais libre de gagner comment vivre. Outre le travail, je comble l’espace en collectionnant des boîtes vides. Leur silence m’amuse. C’est mon dada. Je les remplis d’un billet griffonné au faîte de l’imaginaire. Puis une fois refermée, j’aime ce que chacune recèle, comme un semblant de vie dont j’ignore le décor réel.

Quel plaisir quotidien de recevoir mes emplettes dans ma boîte aux boîtes ! Or ce matin, j’ai été choqué en trouvant un « kit censé chasser les soucis », une boîte habitée de poupées maya, cadeau dû à l’un de mes achats. Adieu la paix, oui ! Vu que le moindre papier ne peut s’y loger, je cherche anxieux le moyen d’employer la chose. Et soudain le déclic : voici que je m’adresse aux figurines, ma langue se délie, flanquée d’un verbiage têtu ! Elles aussi s’obstinent dans leur réduit. Flux de paroles percutant, le dialogue assassin devient incessant. Je sors vite du garage avec une épouvantable migraine.

29 mai 2008

22. Le trio infernal (madeleinedeproust)

Je sors du garage avec une épouvantable migraine. Rien d’étonnant à cela quand on y réfléchit bien. L’enchaînement des repas d’affaire, trop copieux et arrosés, ne m’a jamais été profitable. Quant aux contrariétés elles n’arrangent rien. Et dans ce domaine ces derniers jours j’ai eu mon lot.

Voilà maintenant huit jours que je me promène avec perché sur l’épaule gauche (la sinistre) une poupée toute de noir vêtue qui s’imagine me tromper avec un vague ruban mauve à la taille et en écharpe. Je la sens peser sur mon épaule. De temps en temps elle se penche à mon oreille et me murmure des mots doux. « Ne rêve pas, la migraine te rattrapera tôt ou tard. Tu peux utiliser tous tes subterfuges, rien n’y fera, ni la compresse froide, ni le repos dans une pièce fraîche et obscure, ni les divers exercices de relaxation. Je suis là et bien là. Tu sens ma présence contre ta tempe gauche (la sinistre une fois encore) ? »

Et elle a raison. Depuis deux jours une veine bat douloureusement à ma tempe. Inlassable, un petit bonhomme de bois à l’allure anodine (pantalon blanc, t-shirt bleu) et au sourire narquois y donne des coups réguliers.

Mais la sortie du garage, le passage de son obscurité fraîche à la violence de ce jour d’été éclatant, vient de lui donner une nouvelle vigueur. Désormais il tape à bras raccourcis. Toute ma tête résonne. Je ferme les yeux pour échapper à l’agression solaire. Sur mon épaule poupée noire danse une folle sarabande et ricane à n’en plus pouvoir. Elle martèle mon épaule, poupée blanche martèle ma tempe, le sang bat, le sol ondule sous mes pas, je vacille jusqu’à la porte d’entrée soudain très floue. Je tends une main hagarde vers le mur, dans une quête désespérée de soutien. Poupée blanche prend son élan et m’assène un coup plus violent encore que les autres. Je trébuche, ferme complètement les yeux sous l’intensité de la douleur. Et là sous mes paupières closes, au milieu de mille papillons noirs, le dernier membre du trio infernal vient me narguer. Habit à carreaux rouges rehaussé d’un violent petit haut jaune. Une véritable agression visuelle. La nausée m’assaille. Dans un dernier effort je me rue à l’intérieur, attrape hagarde la boîte de médicaments, dois m’y reprendre à plusieurs reprises pour en extraire un de sa pellicule argentée et l’avaler, m’écroule enfin sur mon lit tandis qu’autour de ma tempe gauche trois misérables poupées de bois contemplent, ravies, le spectacle d’une migraineuse au summum de la crise.

29 mai 2008

21. Mobile de poupées (Sherkane)

Je sors du garage avec une épouvantable migraine. Pas étonnant après deux jours passés à trier les affaires entassées par Maman depuis de si longues années. Il ne reste que cette petite malle à vider. Ce que j’y trouve me renvoie des années en arrière : vêtements de bébé impeccablement pliés et manifestement tout neufs. Et ce mobile fait de trois poupées en laine… Je ne me lasse pas de le faire tourner devant mes yeux, migraine oubliée.

Tu avais dû t’arrêter de travailler. Pour éviter que le bébé n’arrive trop tôt, il fallait que tu restes couchée. C’était super. Je t’avais pour moi toute seule à chaque fin d’après midi. Je te racontais ma journée d’école puis tu m’aidais à faire mes devoirs. Parfois tu me faisais toucher ton ventre pour que je sente le petit frère bouger.

Un soir, tu m’as demandé de t’apporter ton grand sac bleu en toile. Je me suis installée sur le lit à coté de toi. D’un geste sûr, tu as assemblé deux bouts de bois en croix. De la laine bleue pour les bras, de la laine blanche pour les jambes, une boule de coton enveloppée de papier kraft pour le visage, deux grains de café en guise d’yeux, et une merveilleuse poupée a surgi sous tes doigts. Tu m’as proposé d’en confectionner une moi-même mais je préférais te regarder faire. Deux autres poupées sont nées de tes mains et tu les as reliées toutes les trois en un mobile pour le petit frère à venir.

Quelques jours plus tard, tu n’étais pas à la maison à ma sortie de l’école. On t’avait amenée d’urgence à l’hôpital et le petit frère n’est jamais venu. Un an et demi après, tu as donné naissance à une petite sœur et quelques années plus tard à un petit frère.

Les poupées tournent et retournent devant mes yeux, jouant avec les rayons de soleil. J’avais totalement oublié la fausse couche de Maman et ce mobile. Jusqu’à aujourd’hui, plus de quarante ans après.

29 mai 2008

20. Gris Tourterelle (Cath)

Je sors du garage avec une épouvantable migraine. La lumière du jardin m'éblouit. Je ne vois même pas le chat qui se frotte contre mes jambes. Ni la tourterelle morte en plein milieu de la cour, avec une multitude de plumes autour de son corps sans vie et 3 poupées miniatures un peu plus loin, sur le gazon, derrière le rhododendron.

Ce n'est qu'une heure plus tard que je verrai cela, derrière mes lunettes les plus noires pour protéger mes yeux de la lumière du jour qui me fait tant souffrir. Pour l'heure, je lâche toutes mes affaires, avale un triptan et monte me coucher, dans la chambre dont j'ai fermé toutes les issues pour éviter la lumière si blessante en cas de migraine. La fraîcheur des draps est bienfaisante. Je m'écroule, et ma tête si lourde me semble s'alléger au contact de cette fraîcheur.

Enfin, la douleur s'est effacée ! Le réveil, sans mal, après une épreuve comme celle-là, c'est comme découvrir le monde pour la première fois : on n'y croit pas, on n'a jamais vu ça. Ça semble magique.

Magique ?

A mes pieds, un oiseau mort. A  trois mètres, trois poupées égarées dans l'herbe. Sans doute les jouets de mes petits voisins, balancés au-dessus du mur et des bambous.

Je me débarrasse de l'oiseau mort, après avoir nourri et félicité le félin assassin. Je ne sais pas quoi faire des poupées, mais je sais déjà que je ne les garderai pas. Monte alors une bouffée de superstition : si je les jette, ne vais-je pas finir « jetée » ? Si je les brûle, ne vais-je pas mourir brûlée ?

La valse des terreurs enfantines tourne dans ma tête pourtant cartésienne la plupart du temps. Je sais : je vais les offrir anonymement aux voisins méchants. Oui, ceux qui ont pour raison de vivre d'ennuyer leur entourage immédiat. Ils pourront bien s'amuser : cala va leur convenir parfaitement, de piquer ces poupées avec des aiguilles en pensant à leurs voisins détestés : nous et nos voisins amis, par exemple !

J'imagine déjà leurs faciès déformés par la haine : leur visage habituel, quoi…

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