Les rideaux sont tirés (Coumarine)
Sa chambre est là, au troisième étage.
Les rideaux sont tirés. Comme toujours. Depuis trois mois. Depuis l'éternité.
La lumière du soleil blesse ses yeux, sa tête, son ventre...la lumière de la vie le fait gémir.
Quand il gémit comme ça et que son lit et les murs palpitent de sa souffrance, je gémis aussi. Mais tout bas, en silence, c'est tout rentré au fond de ma gorge. Faut pas qu'il entende. Il s'accroche à mes sourires.
Je reviens du coin de la rue et je lève les yeux tout en haut, là entre les murs des HLM pour respirer un peu de lumière, un peu d'espoir. Mais mes yeux ne vont pas loin, ils s'arrêtent et s'ancrent sur cette fenêtre-là, au troisième étage, où les rideaux sont inexorablement tirés. Il dormait quand je suis partie, vite, vite, pour aller chez le pharmacien chercher ses doses de morphine. Pour qu'il ne gémisse plus, ou plus si fort, mon Dieu comment c'est possible...comment c'est possible?
Mon petit prince aux cheveux noirs, aux yeux d'ébène...je suis là, et je te souris, et je te dis des millions de mots d'amour, tout ce que la terre et le ciel connaissent de mots d'amour....tu m'entends dis? TU M'ENTENDS?
Oui, il m'entend...
Pour combien de temps encore?