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Paroles Plurielles
16 février 2006

Tempête sous un crâne… (Alauda)

Quelques instants après sa venue au monde,  l'enfant dort paisiblement dans son berceau, le sourire légèrement marqué par le doigt de l'ange.
Le doigt du secret partagé pour quelques minutes encore avant l'oubli et le début de la quête…

C'est à ce moment précis que la Question vient tournoyer autour du sommeil des nouveaux-nés qu'elle a choisis.

Elle guette son instant. Elle sait qu'à la seconde même où l'ange cessera sa pression  sur la lèvre de l'enfant, celui-ci entrouvrira un œil étonné sur le monde... 
Alors, si elle va assez vite, elle pourra s'immiscer en lui et envahir son âme pour le reste de ses jours.

La Question, en soi, n'est pas nuisible : être habité par elle depuis la  naissance n'est pas nécessairement signe de malédiction.
Au contraire.
Cependant, vivre à son rythme implique un engagement de tous les instants. En effet, la présence de la Question est permanente. exigeante, inexorable. Elle impose une loi impitoyablement juste.

Son hôte connaît-il une seconde de repos, une once de sérénité ?

  Elle explose alors en mille nouvelles interrogations qui toujours se redensifient en son centre pour l'inciter à reprendre la route de l'ailleurs, de l'autrement.
Elle le mène ainsi au-delà d'un espace-temps qu'elle refuse d' admettre comme limite absolue d'un monde sans mystères.

En alerte constante, elle sème le doute, détecte l'imposture, révèle  l'indicible. Fragilisant les amours, lézardant les serments, elle s'érige en souveraine unique et, inlassablement, taraude, martèle, lamine, vérifie et réfute.
Tout.
A tout instant.

Entraîné aux confins de saisons où la raison bascule sans cesse en d'autres dimensions, l'être harcelé par la Question  se vit en éternelle errance.

Mat du Tarot ou bouffon dérisoire, il avance sur des chemins inexistants dont seul son pas garde mémoire. 

Chevalier consenti d'une quête sans nom, il explore la folie et accède au sublime, il aspire à l'extase et se découvre ignoble.

Mais chaque heure de sa vie se relie au souffle de l'univers.

C'est pourquoi, voyez-vous, en ces êtres nourris de tempêtes solaires et de sanglots d' étoiles, la Question ne se pose jamais, elle en est absolument incapable.
Il y a trop de vent.

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Commentaires
A
Vous me comblez ! merci Coquelicot.. Plus serait trop ! : )) Quoique !! :))))))
C
Partager ici ce qui me touche dans ce magnifique texte, c'était recopié tout ... Après m'être posé la question de la sélection, je me contente donc de la formule pleine d'imaginaire, de déséqulibre harmonieux: "nourris de tempêtes solaires et de sanglots d' étoiles" BRAVO Alauda, c'est superbe à lire, riche à méditer!
C
Alauda...<br /> Va voir chez Coumarine
A
pas de souci pour la présentation telle qu'elle est, elle me convient très bien... Merci pour ton commentaire qui me touche beaucoup. j'écris depuis... toujours :))... surtout sous forme de poèmes libres.<br /> Ici, je découvre une autre forme d'écriture, de création, qui me plaît énormément.. je me laisse guider et c'est délicieux ! le fait d'être lue, pratiquement en direct, par d'autres ayant la même passion est un moteur merveilleux...
C
Alauda, malgré tout le soin que j'ai pris à faire un copié-collé sur le carnet de notes, comme me l'a conseillé Littlesun, ton texte ici ne se présente pas exactement comme tu me l'as envoyé...tu m'en vois vraiment désolée...je ne sais comment faire mieux<br /> <br /> J'aime énormément cette allégorie, qui explique pourquoi les êtres humains sont des êtres questionnants<br /> Elle me parle énormément, vraiment énormément<br /> De plus, il est vraiment bien écrit, tu as une belle plume, je ne sais si tu le savais, ou si cela se révèle ici<br /> Merci en tout cas
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