Histoire de chaises musicales. (Charlotte)
Viens t’asseoir… là…allez… grouille-toi…
Trop tard…
La place est prise…
La chaise n’est plus libre …
D’ailleurs, on la retire et toi…on te vire.
Tire toi d’ici…tu es hors jeu…hors piste.
Tu peux pleurer si tu veux...mais…
Si tu es une grande fille (et rappelle toi que tu dois l’être en ce moment précis)
Arbore ton plus beau sourire.
Il faut savoir reconnaître sa défaite …
On te l’a répété mille fois, depuis que tu es petite…
Ne montre à personne que tu es triste, que tu n’aimes pas perdre…
Car ta revanche, tu l’as tiens au bout de tes tripes.
Mais elles ne doivent jamais trahir ta face devant autrui.
Sinon tu es foutue, tu es finie…
Allez …souris…
J’en ai marre de ce jeu imbécile où à chaque fois, je suis nulle …
Où d’autres que moi sont plus malignes …
Et cette musique qui reprend son petit tour de sauts et de rire, ne m’amuse pas du tout.
Je fais tapisserie et j’en suis triste à mourir.
Aucune chaise ne m’invite plus à danser.
Mes copines rigolent et tourbillonnent loin de moi.
Elles s’agitent, jubilent, les rosses, d’être encore de la partie.
Elles crient de plaisir, certaines s’assoient, trichent ,
« C’est interdit » « C’est contraire au règlement »…je crie.
Tandis que la musique continue sa course folle…et que les chaises valsent, volent.
Enfin la musique s’arrête.
Toutes les fesses de mes copines s’abattent sur leur siège sauf une paire de molles !
« Et de deux « je constate, mauvaise et réjouie…
« Une de plus pour qui la fête est finie » je me dis.
« Bien fait pour elle »
Je me sens, comme par hasard, beaucoup moins seule et stupide… subitement !
Non mais …quelle bêtise que ce jeu …
J’aime autant retrouver ma chambre et bouder dans mon lit garanti à une place pour moi.
Mon doudou y couche déjà et me chuchote tout bas :
« Ah te voilà, viens, t’asseoir là…et dis moi ce qui ne va pas… »
Je viens, je m’assois, je m’étale , prends mon pouce entre mes doigts, le suce jusqu’ à ma soif...le bouffe jusqu’à ce que je n’ai plus mal et que je pleure entre ses bras.
Dur ,dur ,d’être un enfant parfois.