Camus avait raison ( Tessanie )

Il s'était assis là, par hasard. Parce qu'il n'avait nulle part où aller. Il avait ramassé un journal, qui traînait par terre, probablement depuis le matin, et s'était assis, là. La mer était belle, si belle. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas contemplée ainsi, trop pris qu'il était par sa vie, par sa survie.

Mais ce soir, il en avait marre. Ras le bol. Il était fatigué. Epuisé de se battre sans cesse. De toute façon, ça n'était plus la peine, de se battre. Il n'avait plus de boulot, plus de famille, tout s'était évanoui, au fil du temps. Par sa faute, peut-être, il n'en savait rien, il s'en moquait même. Lorsqu'on n'a plus d'avenir, à quoi sert de vouloir refaire le passé?

Il s'obligeait à ne plus penser. Alors il relisait sans cesse le même article, depuis de longues heures. Mais toujours, à la troisième phrase, il s'arrêtait. « La seule vraie question philosophique, disait Camus, c'est le suicide ». Et il levait les yeux vers la mer. Cette question, il se l'était tellement souvent posée, depuis quelques mois. Vivrais-je, ou non? Devrais-je encore me battre, ou non?

Jamais il n'était parvenue à une réponse satisfaisante. Peut-être que... C'était toujours sa réponse. Peut-être que demain ça ira mieux. Peut-être que ma femme reviendra. Peut-être que je me raterai, et que je deviendrai un poids pour la société. Peut-être, peut-être.

Ce soir encore, la question était présente. Mais serait-ce ce soir qu'il en trouverait la réponse? Il ne le savait pas encore.

Comments

[pati]

oui, sombre, mais finalement, grâce à la fin ouverte à tout (merci, tessanie!), pointe une aube d'espoir, en filigrane...

beau texte, en vérité, tessanie, et joli talent :)

[coumarine]

eh bien! voilà encore un texte sombre...
J'espère qu'il toruvera une réponse qui l'éloignera du suicide, et que Camus n'aura pas raison...
(mais je te dis merci Tessansie pour ta participation...)