que c'est bon d'être une femme parfois (Alceste)
Que c’est bon d’être une femme parfois ; dépendre de quelqu’un, avoir cette excuse pour être faible ; que c’est bon d’être faible parfois ; avoir ce prétexte pour ne pas penser à l’avenir ; voilà , juste rester là devant la baie de ce restaurant , accoudée à la table pas encore desservie et attendre , qu’il soit revenu , et qu’importe ce qu’il fait avec son portable , à qui , il téléphone , juste savourer ce moment, le menton dans la main le regard qui s’évapore sur l’infini de cette mer que l’on ne peut jamais oublier , car elle est en vous vibrante comme un grand corps sensuel .
Que c’est bon d’être lâche parfois , juste attendre , ne rien attendre , juste être là , car c’est bon qu ‘on vous y ait amené , n’avoir pas décidé de cela , vouloir être là , parce qu’on ne veut rien attendre , ne plus rien attendre , juste assister à quelque chose de dérisoire qui vous concerne , mais que vous constatez avec détachement .
Ce week-end aurait dû être stupide , une trahison car ce n’est pas avec vous qu’il aurait aimé être et vous le savez , mais qu’importe c’est bon d’être sans illusion d’attendre et de savourer ces moments qu’on jette , et de ne plus voir que l’instantanéité des choses, le temps qui n’est plus , juste ce repas , qu’on savoure sous son œil médusé , interrogateur .
Et puis ces petits crabes qu’on trouve ici , elle les aimait tant : elle les aimait bronzés , polis par le vent et l’eau , chauds et bien cuits !