Place du Caf Conc' (Christine 2)
Et maintenant ça suffit ! " Arrêtez de pousser. Ce n’est pas possible ça ! Asseyez-vous donc. Vous n’êtes pas vitriers dans les carreaux de bois ". " Je vous en prie, restez poli. Je ne vous permets pas " " Aïe, pas la peine de m’écraser contre la porte " " Du calme, messieurs, dames. Je vous en prie. Faites preuve d’un peu plus de discipline, s'il vous plaît ! Sinon, nous ne nous en sortirons pas. Il faut de la place pour tout le monde. Veuillez serrer davantage là-bas au fond ! "
Voici le genre de commentaires que l’on peut entendre sur la petite " Place du Caf Con' " située dans la rue piétonne. Le seul café existant est plein à craquer. C’est la ruée vers l’or. Sur les tables traînent des verres que l’on n’a pas encore débarrassés, où l’on peut deviner ce qui vient d’être bu. Là, par exemple un reste de citron pressé que l’on n’a pas pris le temps de terminer. Quel est donc ce raz-de-marée ? Où sont-ils passés ?
Une partie de la clientèle s’est retranchée au fond de la salle dans un brouhaha infernal de va-et-vient incessant de chaises. L’atmosphère est lourde et les gens sont énervés. Pour éviter de se faire trop piétiner, le reste de l’assemblée est partie s’installer dehors sur les bancs. Le petit café d’habitude si paisible, se transforme rapidement en salle de concert. On a installé une estrade sur laquelle trône un vieux piano Bechstein, emprunté spécialement pour l’occasion à la salle Gaveau. Pour qui ? Une star mondialement connue ici ?
Quelques mètres plus loin, l’on entend sonner les cloches de la cathédrale. Un évènement important se prépare. Un cortège d’enfants tenant des corbeilles de fleurs défile dans la rue. Une sérénade de klaxons annonce l’arrivée du nouveau Chopin, petit prodige de la ville.