Pourvu qu’on ait du beau (Arpenteur)

Le samedi, c’est plus tranquille, il y a moins de monde…

C’est à cause des changements. Ici, on appelle ça les rocades. En principe, après notre première semaine, il y a les allemands du 17 qui sont remplacés par cette famille de Roubaix. Et au 19, il y a des Belges plutôt sympas qui arrivent.

Avec tous ces va-et-vient, vous  avez sans doute l’impression que ce n’est pas le jour le plus tranquille, mais en fait si. Je le sais, ça fait 12 ans qu’on vient ici avec Norbert. Emplacement 18. Celui que Norbert a repris de ses parents. Il a toujours beaucoup voyagé lui.

Ah, vous êtes au 24 ? Oui, vous verrez c’est bien aussi.

Le samedi, il y a moins de monde aux lavabos, on peut faire la vaisselle plus tranquillement, et laver un peu de linge. Et puis sur la plage, c’est pas loin, 29km, il y a aussi moins de monde à ce qu’on nous a dit. Mais on n’y va jamais. C’est beaucoup plus sympa ici. Plus calme.

Ça nous change de notre HLM. Toute l’année parqués avec les mêmes voisins, dans nos 51m2 : lessive, vaisselle, ménage, métro, boulot, dodo.

Ici, c’est différent. Dans la caravane on est un peu plus à l’étroit. Mais on est une famille, alors ce n’est pas grave. Et au moins on découvre, c’est l’aventure. On fait des rencontres, c’est culturel je trouve. J’aime bien voyager ainsi. Avant que Norbert ne m’emmène ici pour la première fois, je n’avais jamais quitté ma rue. Je ne devrais pas vous le dire, mais je me sens tellement apaisée ici, que c’est là qu’on a conçu nos petits chéris, alors qu’on pensait qu’on n’y arriverait jamais. Cindy et Dylan. Oui, ils font un peu les fous. Mais c’est normal à leur âge. Et puis, ils n’ont pas l’habitude d’être dans la nature. C’est important pour eux de découvrir d’autres endroits, d’autres horizons. Mais je ne les laisse pas aller trop loin. Ils restent dans l’allée, entre les alsaciens du 11, et le 21, des étrangers, je ne sais pas d’où.

Je trouve que c’est important d’ouvrir les enfants au monde. Et quoi de mieux que le voyage pour ça, non ?

Finalement, ce qui nous manque le plus, c’est la télévision. Celle de la maison est vraiment trop grande pour la caravane. Mais Norbert m’a promis que l’année prochaine, s’il obtenait cette augmentation, il en louerait une petite, pour nos trois semaines de paradis. Ce sera en août. Ici, au 18.

Comme tous les ans.

Comments

[Amanda]

Merci pour les Belges sympas ! c'est pas souvent qu'on nous dit cela et pourtant avecles Hollandais, le camping c'est un peu notre spécialité, jovialité, convivialité...
Tu décris cela très bien...
C'est facile de se moquer mais toi, tu redonnes ses lettres de noblesse au camping et aux petits bonheurs simples.

[clau]

C'est peut-être justement parce qu'ils n'ont pas de télé au camping que la vie s'y fait
belle ...
Très bien vu Arpenteur ... j'ai souri en lisant : " on y fait des rencontres, c'est culturel je trouve " ...( mais ce n'est pas de la misère intellectuelle, c'est de la simplicité )

[sodebelle]

Savoureusement bien décrit!

[arpenteur]

Un autre aspect de la misère, parfois "intellectuelle"
Ravi que ça vous ait plu à nouveau.

[rsylvie]

j'aime beaucoup cette nouvelle vision de la consigne...
il y a une vingtaines d'années, j'ai découvert les vacances au camping, avec tous ces mélanges de vie... étrangement, tout le monde y est accueillant !
étrange non ?