Faits d'hiver (Cassandrali)
Ce que je venais de dire à la vieille marquise Guy de Ruy était l'exacte vérité. J’avais découvert le secret que cette octogénaire avait dissimulé des années durant avec la complicité de son beau père.
A l’époque, soixante ans en arrière, le marquis, avocat de renommée incontestable, ne pouvait se permettre d’être éclaboussé par un scandale et se tut. Son fils, étudiant en droit, était promu à un brillant avenir: il devait prendre la succession de son étude et épouser la fille de son associé.
Le marquis avait tout organisé, sans consulter son fils qui devait se soumettre à ses exigences. Mais, ce dernier avait eu le coup de foudre pour une belle ingénue; il l’aimait passionnément et ne pouvait se résoudre à rompre, malgré la promulgation du mariage.
La marquise désabusée, découvrant cette relation illégitime, imagina un plan machiavélique pour se débarrasser de sa maudite rivale, de son époux indélicat, si besoin, et voler l’enfant adultérin devant naître.
Elle attendit la fin de l’hiver pour agir, laissant ainsi libre court à son imagination pour élaborer le scénario du meurtre parfait.
Il le fut.
Les journaux parlèrent d’un crime odieux: la jeune femme fut retrouvée chez elle, gisant au sol dans un bain de sang, égorgée et éventrée. Aucun indice permettant d’enquêter.
Le fils du marquis eut des soupçons lorsque la marquise revint quelques jours après, avec un enfant dans les bras.
Leur mariage n’avait jamais été consommé, comment pouvait-elle avoir un bébé ?
Il en parla à son père qui rejeta ses accusations. Il décida alors de rencontrer le soir même, le commissaire en charge de l’enquête. La marquise sentant le danger arriver, le suivit.
Elle ne rentra que tard dans la nuit, seule. Son époux, jamais...
C’est lors de construction de la nouvelle voie ferrée, que le squelette d’un homme fut retrouvé. Sa chevalière révéla son identité. Suivirent des semaines d’investigation qui me permirent de faire la lumière sur cette sombre affaire et de confondre l’impitoyable marquise.