Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Paroles Plurielles
20 juin 2006

Donnant-donnant; volant-volant (Pivoine Blanche)

M'offrir à qui je croyais plaire;
J'offris la jeune fille
Et le poète et la femme
A l'homme si beau
Sûr de lui
Sûr... Non, pas de Martini
bière, de la bière
du vin à midi
du pommeau le soir
de la bière tous les jours;
"Santé!" dit-il...
"A notre Amour!"

Son charme agit
Il est anglais
Ou écossais
Son foie débloque
Le blanc des yeux tout jaune
Il boit
Et je regarde pas

Mais lui me voit
Alors je m'offre à lui
Par un 25 janvier
Autour d'un "haggis"
Une panse farcie de mouton
Et je l'épouse.

Il me dit un jour
"Toi, t'es bête"
Il me dit aussi
"Tu ne veux pas travailler"
Il me dit encore
"Tu ne penses qu'à l'argent"
Et puis
"Tu fais que dépenser"
"T'achètes des robes à 20.000 F."

Il boit
Ses amis boivent
Son coeur éclate
Il s'est vu dans le miroir blond
Il a eu peur
Crise cardiaque

J'ai peur aussi
Il me cherche
M'épie
Me surveille
Le téléphone
Les lettres
Mes livres
Mes vêtements
Mon intimité
Renifle
Cherche du sperme
Dans mes tampons menstruels
Gorgés de moi.

Je suis dans le fauteuil
Silencieuse
Muette
Morte
Ou bien je parle
Je m'enfonce
Me détruis
Je casse.
Et je dis tout
Tout ce qu'il ne faudrait pas dire.

Alors un jour
Comme ça, sans prévenir
Il me frappe.
C'est venu sans coup férir
Et je ne l'ai pas vu
Un midi, on fait l'amour
Une gifle s'abat
Sur ma joue

Il prend sa ceinture
Me frappe
Des fois et des fois, à la volée
Il ramène des livres
Des BD
Des films
Erotiques
Pornos
Sadiques
Masochistes
Lesbiens
Bondéédge
Sodomisations
Fellations
Et 69

Je le hais
Il me dégoûte
j'ai la migraine
J'ai mes règles

Tout plutôt que de faire l'amour.
Il m'attache au lit
Et le plus affreux
C'est qu'il m'arrive de jouir
Comme ça
Honte
Culpabilité
Dégoût
Terreur
Atroce connivence
Est-ce donc moi
Qui suis folle
Comme il me le réclame ?

Il me vole
Il fouille dans mon sac
En retire brin de lavande
Mots à la hâte
Mes écrits
Lambeaux de textes
De poèmes
Billets de mille
Et tickets de métro.

Il me frappe
A la volée
Encore un jour
Un midi

Mais c'est fini
Il ne le sait
J'ai mon billet
Mon bon de sauvegarde
Je partirai
Je panserai mes plaies

Il peut grimper
Venter
Crier
Pleuvoir

S'il bat encore une seule femme
En lui faisant l'amour
Ce ne sera plus moi.

Etait-ce donc cela,

"M'offrir à celui qui ne me voyait pas"

Publicité
Commentaires
B
ceci, je comprends mieux certaines choses, Marie-Françoise... ici, les mots sont maux, ils font très mal... bizzz
P
comme je dis chez moi ;)<br /> <br /> percutée, la Pati.<br /> <br /> tu te demandais si tu devais le poser chez toi...<br /> bien sur, tu fais comme tu veux. mais moi, je le mettrais. <br /> tout simplement parce qu'il est magnifique.<br /> <br /> tout résonne.<br /> <br /> la simplicité des phrases<br /> le rythme<br /> les claques des images portées par tes mots<br /> l'extrème nudité des paraboles...<br /> <br /> je voulais mettre en exergue, comme je le fais parfois, un extrait... je ne le fais pas.<br /> <br /> je recopierais tout.
P
Comme on dit à Liège. <br /> <br /> Je voulais parler de la violence conjugale. Il y a bien pire que ce que j'ai décrit, hélas... Et cette violence traverse, hélas, on le sait, tous les milieux sociaux. <br /> <br /> La lutte contre la violence faite aux femmes a été un de mes combats, mais c'est la première fois, ou la deuxième peut-être, que je l'exprime en poésie. Mais cette fois avec des mots beaucoup plus crus que dans le poème que j'avais écrit la première fois, sur la résistance féminine à la violence. <br /> <br /> La prochaine fois, Coum, je ferai quelque chose de plus léger... Ou de plus paisible... <br /> <br /> C'est promis :::)))
F
Un texte dur oui, très dur même ! Il me touche tellement que je ne sais mêm eplus ce qui me touche en fait. Tu as une écriture tellement parlante et vivante. Je la plains la femme qui a vécu ce calvaire !
C
Tu m'avais avertie, Pivoine que c'était un texte dur<br /> En effet, voilà des mots coupés au couteau, un style haletant, pressé, dans la brièveté, qui s'écroule en cascades de mots sur une réalité de plus en plus dure<br /> C'est superbement bien écrit, Pivoine
Publicité