Sur la sixième marche (Pivoine Blanche)

Elle vivra pigment blanc
De titane
Pigment noir ou sépia

Elle vivra
Aurore blanche posément noire
Elle vivra Elle verra
Feuille grammée Japon Ingres
Aquarelle ou teinte
Gravure Gouache
Universelle
Qu'importe
Pourvu qu'on ait l'ivresse

Elle vivra
Dans la griffe du peintre
Dans son oeil vitrifié
Telle une obsession
De son imaginaire

Elle vivra dans la crampe
Qui proie ses muscles
Et ses nerfs
Dans la douleur qui chaque jour
Claque dans les yeux
Le front
La nuque
Et les jambes
Du malheureux.

C'est décidé
Courbe, volume, tranche ligne
Ou perspective
Tableau râpé
Accordéoné
Ou page lue
Dans un musée

C'est décidé, oui,
C'est décidé,
Elle vivra centenaire.

Comments

[Amanda]

Je ne sais pas si tu peins aussi bien que tu écris
En tout cas, chaque détail est un bijou !

[Sammy]

Très joli. Les sonorités, le rythme, j'aime beaucoup. Même remarque que sur un autre texte, à propos du poème de Baudelaire "Je te donne ces vers..." ; l'image vivra plus longtemps que la femme grâce au talent de l'artiste.

J'aime bien l'évocation des termes de l'art du peintre (gouache, toile, papier...), ça rend presque palpable et visible son destin de papier...

[Colette]

Un hommage à la création dans toute sa splendeur...De la pensée à la matière...
Magnifique tableau de peinture de mots!

[fc(Coquelicot)]

Elle (ou il),l'artiste, enfantera dans la douleur ... et la joie profonde de la création. Comme ce texte rend bien cette vérité profonde de toute forme d'art vécue et vaincue de l'intérieur, du plus profond de soi. Merci MF!

[Pivoine]

Merci, c'est très gentil, vos comms sont super (eh oui, les courbatures après la peinture, ouille, je connais !) Euh, non, je n'ai pas encore vu l'expo -mais je vais la voir cette semaine (avec un midi du cinéma en bon prime!)

Mais après, je me suis dit que j'avais écrit ce texte avec trop de facilité, presque mécaniquement, (pas mécaniquement, mais je me comprends). Je me dis qu'on ne peut pas toujours être original, je ne sais pas très bien comment expliquer...

Sauf que j'ai beaucoup aimé d'autres textes, où l'imaginaire est plus présent.