Lettre en partance ... (Coquelicot)
Wenduine, pas loin d’Ostende, un des pays de mon enfance. Enfin, j’y reviens ! Je sais que je n’aurai pas de question à me poser, mes souvenirs guideront mes pas. Le vent efface la trace des pas sur le sable, il n’abîme pas les souvenirs de cœur. A toi qui n’est pas là, j’écrirai mes impressions, la joie des retrouvailles… … Suis bien arrivé. Un peu essoufflé, j’ai couru dans le sable et la dune, je suis maintenant au sommet du Spioenkop. Tu te souviens ? De ce point de vue, champignon rouge à la limite de la station, je domine la plage, je domine la mer… Je ne serai pas long, le vent, à moins que ce ne soit l’émotion, est d’une telle force que j’arrive à peine à écrire lisiblement, peu importe ! « Un bonjour de la côte » Excuse la banalité de cette carte postale… ce qui compte, c’est mon empressement à me retrouver face à la mer, face à toi que toujours me rappelle la mer. Je voudrais que tu sois là. La vue, d’ici est superbe, 360°. La mer, ses forces sauvages, ses embruns, et de l’autre côté, la terre, celle des dunes, de moins en moins malheureusement, et aussi celle des hommes, de leurs magouilles politiques et financières qui finissent toujours par s’octroyer des permis de bâtir là où la nature perd ses droits. Mais, peu importe, je ne suis pas là pour ça… je suis là pour toi, pour moi, pour nos souvenirs d’enfance. J’ai tant appris ici sur la vie, la nature, la liberté, sur toi, sur moi. Face à la mer, avec toi, j’ai grandi, j’ai pris de la hauteur. Dans mes souvenirs tu y es si présente, si forte, face aux bourrasques de la vie, aux tempêtes et raz de marée qui te minent peu à peu. Pourtant, même dans un ciel noir ton sourire et tes cheveux au vent présageaient des lendemains ensoleillés… J’emplis mes poumons d’iode, mon cœur de nostalgie, mes pensées d’éternité et je redescends. A l’ombre d’une église, sur la pierre froide, j’irai déposer ma missive. Elle est pour toi. Elle te dira notre complicité, notre attachement à la mer, à la vie, à nos rencontres d’été. Le vent, la pluie, la bourrasque et les tempêtes s’en chargeront. Elle s’étiolera, se détruira et te parviendra, je ne sais comment dans l’autre monde où trop tôt tu es partie. Les écrits restent, dit-on, pas celui-là … peu importe, seule restera notre inaliénable amitié d’enfance et ça, c’est décidé, elle vivra centenaire !