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Paroles Plurielles
8 novembre 2006

Au Nord KIVU (Vincent)

C’était un drôle de zèbre, cette femme. D’une nature froide, je dirais même introvertie, elle menait sa barque comme on circule dans des couloirs d’hôpitaux vides sans regarder le décor. A la va-vite, toujours «à la bourre» comme on dit maintenant. Jamais un regard à gauche ou à droite. Les autres, c’était pas un problème pour elle. Quoique... Fallait pas se trouver sur son passage. Gare à celui qui l’empêchait de passer ! Des hommes elle en avait croisé dans sa vie. Qui l’avaient trouvé jolie. Qui admiraient sa façon de ne pas se laisser faire. Ses yeux de fauves noyés dans un océan couleur de perle vous disaient : je te jauge. Ils ne vous laissaient pas indifférents. En principe ça se passait dans ses grands moments de lassitude. Alors qu’elle sombrait dans une sorte de déprime, elle s’arrêtait de foncer tête baissée, et se réfugiait dans les bras du gars qui lui portait un peu d’attention. Dans les bras... façon de parler. Pas facile une étreinte à cent à l’heure.

Les quelques hommes qu’elle avait eus, ils avaient fini sur les genoux. Le premier, elle l’avait laissé sur le chemin des Dames. Quand il était revenu, entier, du grand chaos, plus personne à la maison. Elle n’avait pu l’attendre. Y en avait bien un qui l’avait suivie au bout du monde, en fait c’est elle qui l’avait rejoint. C’était bien sûr après avoir tenté de faire fortune aux États-Unis dans l’alimentation rapide. Elle était trop en avance sur son temps. Elle avait fait sa connaissance dans la bonne société bruxelloise. Il était planteur de café dans le nord-est du Congo Belge. Le Nord Kivu. Une région entre deux cours d’eau exubérants comme elle, l’Ituri au sud et l’Uélé au nord. Après s’être fait épouser à Bruxelles, elle l’y avait rejoint. Remontant le turbulent Congo, elle y fondait une nouvelle famille.

Là-bas, elle avait voulu tout faire : du café bien sûr avec son mari mais aussi améliorer le commerce d’objets rares, de multiples articles indispensables à la vie «made in Africa», cultiver des roses, difficiles à y faire pousser... ça avait si bien marché qu’elle avait gravi les échelons de la vie sociale et avait usé les patiences et volontés des hommes gravitant autour d’elle dont ses deux fils aînés et les toisait du haut de son mépris. Dès cette période de sa trépidante vie, elle n’aura de répit de bousculer les évènements. Et pour ce faire, c'est décidé, elle vivra centenaire.

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Commentaires
Y
La ponctuation n'etait a mon avis pas si necessaire que cela du moins pas importante à mon avis car cela denote du caractere de précipitation de sa vie tumultueuse.... <br /> Chapeau cousin
V
je tiendai compte de tes remarques COUM.
C
Ben dis donc, ça c'est un personnage...et ta grand mère en plus!<br /> En ce qui concerne la phrase en question<br /> Ce n'ets pas le manque de ponctuation qui gêne, parfois c'eest très intéressant de supprimer toute ponctuation, justement pour donner un effet haletant au texte...<br /> Ce qui me gêne, c'est la construction qui me semble maladroite<br /> Relis ta phrase tout haut (toujours faire ça!) et tu l'entendras toi-même...<br /> Merci pour cette première et intéressante participation à PP
V
Sammy : <br /> c'était ma grand mère. En fait, vous me le pardonnerez. Le dédain, pour les deux fils, j'ai triché pour faire une belle phrase (j'ai honte). Le fils cadet, mon oncle, bénéficiait de l'admiration de sa mère car il savait y faire pour la "caresser dans le sens du poil". <br /> Peut être que j'ai bien fait d'éluder qq ponctuations. Cette femme tenait ses enfants en haleine. <br /> c'est vrai, la deuxième phrase supporterait une virgule ou un point virgule après "hôpitaux vides".<br /> Mais Lio je pense que trop de ponctuation risque soit de précipiter l'action (une énumération mouvements) soit de la ralentir. Honnêtement je n'y ai pas pensé. <br /> par contre il faudra que je pense à l'écrire avant d'autres.
S
Bravo... Simenon ;)<br /> Quelle vie ! Quelle aventure ! C'est vrai que ça va vite ; mais contrairement à Lio je trouve ça plutôt normal : ce rythme trépidant qui nous coupe le souffle et que l'on ne peut suivre, c'est le sien...<br /> (pour la phrase cité par Pati, c'est surtout le "dont ses deux fils aînés" qui casse le rythme, sinon ça ne me gêne pas.<br /> <br /> Mais qui était cette femme Vincent ? Ta grand-mère ? J'attends le roman...
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