Tu es mon soleil (Marie.L)
Morphée a sonné à la porte.
Il fait froid dehors. J'entends le vent souffler dans les ramures. Nous sommes allongés sous une grosse couverture.
Je suis à tes cotés. Ta respiration lente et régulière m'apaise. Mes yeux sont à peine clos, et mes pensées refusent la venue du Fils de la Nuit.
Ce premier été ensemble fut le premier rayon de soleil de ma vie.
Un coin de nature, des rires, un champ de blé que troublent de trop rares coquelicots. Des courses à en perdre haleine sous le soleil radieux de la montagne. Rien d'extraordinaire, mais c'était avec toi.
Morphée lutte ; je lutte aussi. Ne pas céder.
Ce jour là, un vent léger avait courbé les épis dorés, lorsque nous étions tombés, harassés, sur l'herbe verte bordant un champ de tournesols. Le soleil brillait sur leurs robes et dans nos yeux. Mains qui se frôlent. Yeux mi-clos. Tendres baisers. Main dans la main, s'étendre dans le pré: un vrai Bonheur. Le bleu du ciel éclaboussait ton visage. Sourires. Souffles coupés.
Tu respires, oui, et le bruit de cette machine qui doit t'y aider me rassure. Tu es avec moi. Mais le docteur m'a suggéré, ce matin, d'être patiente. Alors je profite de ton visage serein, calme et lumineux dans cette chambre sombre et froide. Seule la lumière du couloir tente de rivaliser avec ta lumière. Son filet m'importe peu. Dors-tu ?
Je te regarde, mais ma torpeur n'a rien de commun avec ton coma. Attendre.
Funeste destin.
Morphée se présente à nouveau à moi. Je suis las, prête à capituler.
Me résigner m'horripile, lorsque -Miracle- tu entrouvres la bouche pour pousser un gémissement. J'ôte ma couverture de mes genoux.
La Créature de la Nuit a perdue en même temps que l'Ange de la Mort. Nous ouvrons les yeux comme deux inséparables qui se retrouvent après une longue séparation. Ta main attrape la mienne comme ce fameux été. Délicatement. Un contact léger et prometteur. Ton sourire léger m'éblouit de Paix. Nous allons revivre comme avant; mon soleil, comme avant.