La vie secrète des plantes (Alauda)
Au déclin du soleil, le dernier visiteur a déserté les lieux..
Le temps marque le pas.
Le silence relayé de brin d'herbe en brin d'herbe propage la nouvelle :
libres !
On s'ébroue... On sourit.
On soupire. On s'étire.
La pose a été longue - l'été attire du monde - il faut tenir le rôle et feindre l'immobile.
Ignoré des regards, au bord du crépuscule, le peuple végétal entre en métamorphose.
La scabieuse froissée par le vol des bourdons lisse sa robe mauve.
La pervenche se pare d'une once de poudre d'or, offrande enamourée d'un papillon volage.
L'anémone, ingénue, rehausse sa fraîcheur d'une perle de rosée.
La campanule arbore fièrement la mantille impalpable tissée de transparence par l'araignée funambule.
Puis le choeur des jacinthes égrène les premières notes d'une valse embaumée...
Resplendissant dans son habit de lumière, le prince des épis s'incline galamment devant l'humble coquelicot en émoi.
Ce soir, comme chaque soir, il y a bal dans la clairière.