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Paroles Plurielles
24 mars 2007

J'en ai "mare" ! (Voilette)

Il faut que je vous dise j’ai menti ! Bien sûr que je suis comme eux, je déteste cet endroit.
Je leur ai dit que j’allais à la mare parce que j’aime m’y ressourcer.
C’est faux, évidemment. Ce lieu est toujours hideux.
Il fait jour et pourtant je sens ces émanations, je sens le mal qui règne ici, à fleur de peau sur cette écorce verte. Le mal est ici, j’avance sur le lit de mort de ces feuilles trépassées. Je lève la tête vers ces bouleaux aux bras décharnés, vers ces tentacules inutiles qui cherchent à griffer le ciel blanc.
Je vois la main du monstre sortant de l’eau qui veut me happer dans son monde aqueux et nauséabond. L’eau verdâtre, croupie a réussi à attirer un arbre. Il penche dangereusement, tiré dans l’eau par cette force invisible, cette main «ogresque» qui veut sans doute s’en nourrir.
L’eau est uniformément plate, sans ride. Il n’y a pas un souffle d’air.
Un silence inhabituel pèse sur mes oreilles. Les feuilles mortes enveloppent mes pieds, amortissent tout bruit.
Je déteste cet endroit et je l’ai toujours détesté. Petite je venais ici quand je voulais être seule. Je savais que personne n’aurait l’idée de venir me chercher. Je venais sur ces berges offrir au dieu de la souffrance mes
pleurs.
Aujourd’hui je fais de même.
Je me suis assise, la tête appuyée sur mes genoux. Je reste immobile, secouée par les sanglots. Je viens ici offrir ma douleur à ce lieu, à ce dieu qui ne peut rien me donner mais à qui je laisse mes pleurs et ma douleur. Je laisse ma douleur grandir, sortir, ramper le long du sol et rejoindre son élément, l’eau.
Ce dieu pourra la transformer, ajouter du vert sur ses arbres encore épargnés, rendre ces branches plus tortueuses, rendre cet endroit tel une œuvre d’art noir et me rendre telle que je dois être.

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Commentaires
S
oui, cet endroit décrit comme ça est lugubre à mourir, impression bien rendue.
V
Mais moi j'aime bien que chacun donne son avis et tout avis est intéressant ! Je trouve qu'en effet on peut estimer que la description est exagérée et qu'elle tourne au pathos. <br /> On peut aussi considérer que les images évoquées sont celle de l'enfance (le monstre, la main) donc exagérées.<br /> Bon, j'ai peut-être quand même trop forcé !<br /> N'hésite pas à mettre ton avis, il m'intéresse :-)
S
Je n'aime pas beaucoup le début du texte... trop de pathos à mon sens. Le mal qui règne, les bras, les tentacules... bof. Ca ne me parle pas. Désolé.<br /> <br /> Par contre, comme le dit Farfalino, l'idée d'un lieu qui serait à la fois attirant et repoussant, à la fois une peur et un refuge me plait bien. Mais il faudrait faire ça plus dans la sensation, l'évocation.<br /> <br /> Le texte me plait à partir de ce paragraphe : "Je déteste cet endroit et je l’ai toujours détesté. Petite je venais ici quand je voulais être seule. Je savais que personne n’aurait l’idée de venir me chercher. Je venais sur ces berges offrir au dieu de la souffrance mes pleurs."<br /> <br /> Bon, c'est juste mon avis hein ! ;-)
M
J'apprécie la lueur d'espoir après tant de mélancolie.
F
J'aime bien l'idée du lieu à la fois détesté et refuge. Tout en atmosphère.
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