Solaire en ciel (Pivoine)
La surprise est de taille pour la marchande d’allumettes.
Elle vit si petitement, s’accroche à ses bâtons, à son maigre horizon, à ses pierres de bistrot, sa drogue est quotidienne, et c’est de la misère. Des cachots souterrains. Facilité pénible. Et puis, voilà qu’il tombe à pieds nus devant elle, il la bouscule, secoue des lauriers-roses, il la saisit, ne la lâche plus, pas question de faire un travail à moitié. La taille de la surprise… La voilà qui s’éveille, elle ouvre un œil, elle allait s’écraser, comme du sang sur la pierre. Et elle résiste, elle lutte, elle se cramponne, encore et encore, et il s’acharne, on n’en ferait pas davantage pour une enfant en train de s’asphyxier. Voilà des allumettes qui flambent une à une, tout tombe autour d’elle, ça pleut des mots et des appels, elle le sait bien, sa chair est dessillée, ses pleurs, ses renoncements, toutes ses prisons sont là, inexplicables, elle les connaît, les nomme une à une. Des prisons oui, de tout petits pavés carrés. La liberté de la surprise est proche, si proche. On pourrait la saisir.
Au-dessus des pavés, le plein ciel est entier.
Et comme la
clef de la prison crie sur la porte, à l’intérieur de la cellule. Le dernier
geste de la prisonnière est de saisir la clef, de la serrer contre elle,
de fracasser la porte et d’accrocher la vie.