8.LA SURPRISE (Lorraine)
J’ai bien fait le tour de la question...et j’ai enfilé mes gants
rouges. Des gants longs, sensuels, en peau douce, qui épousent la main,
la rendent câline, attirante, que dis-je, frôleuse. Assortie aux
escarpins. Puis je suis partie...
Il ne m’attend pas. J’aime les surprises. Je prépare la mienne avec
délectation. Ma robe noire m’emprisonne comme un fourreau sous la cape
qui m’enveloppe. Je ressemble à une espionne, non, à une femme fatale
des années 30. J’adore me déguiser. J’adore surprendre...
Oui, j’ai aussi un loup de velours noir, mais je le mettrai au dernier
moment, juste avant de me montrer, en franchissant le seuil. Zut, je
n’ai pas la clef, il ne me l’a pas donnée, je ne vais pas sonner tout
de même...Ce ne serait pas de jeu! Heureusement, le jardin est touffu,
la haie m’abrite, je me faufile, merci mon Dieu, voici la fenêtre
entrouverte...Comme je la pousse doucement, comme je me hisse avec
souplesse, comme...
- Un voleur? Vous me prenez pour un imbécile? Empêtrée dans les
rideaux? Et quoi encore? Votre presse-papier ne l’a pas ratée, en
tous cas...
Allez, ouste, fini le bal masqué, on se reverra aux Assises...