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Paroles Plurielles
2 avril 2008

25. Jubilador (Jujube)

C'est étrange : depuis que je ne travaille plus,
je me sens de plus en plus fatigué.

J’ai rangé mon bureau, déchiré mes dossiers,
Trié les livres, rempli des cartons,
Réservé classeurs et chemises vides,
Dégagé des rayons entiers.

J’ai nettoyé mes fichiers,
J’ai rangé ma sacoche,
J’ai rendu les clefs de mes salles,
J’ai viré toutes les circulaires entassées.

Devant moi, un grand espace neutre, parcouru de chemins ignorés.
J’ai cessé de vivre sur les rails du métro ma lancinante appréhension.
J’ai cessé de me demander comment j’allais les trouver.
Comment passeraient les heures de la journée.
Devant moi, un temps qui ne m’est plus compté.

Je n’ai plus de cours
Plus d’élèves,
Plus de conseils,
Plus de copies,
Plus de parents,
Plus de collègues.

Je  suis ma propre nécessité.
Et je la cherche sans la trouver.
Je prends d’autres lignes qui me mènent au-delà de moi.
Partout je suis Gaspar Hauser,
Personne ne m’attend où je vais.

J’explore ma liberté, et chemine au hasard,
Rien ne ressemble à ce que je croyais.
Je vais descendre à Bonne Nouvelle
Pour voir ce qui va se passer….

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Commentaires
B
Une nouvelle vie quoi ....
L
m'entraîné complètement ailleurs...<br /> Une description très ... réelle
J
Le personnage est en effet déconcerté dans le transit de sa propre vie, et se fond à l'anonymat que suggère la photo. Sombre, non, mais nécessaire, comme tout passage, pour s'ouvrir à autre chose.
V
Si sombre, la perspective de la "retraite" ?…
V
Un beau texte, d'un homme qui se trouve à un carrefour. Il n'est plus et il n'est pas encore, mais le dernier paragraphe est, il me semble, plein d'optimisme.
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